La crise et les prix de l'énergie malmènent la pétrochimie européenne

La pétrochimie européenne subit à la fois la baisse de la demande de plastiques sur le Vieux continent, et la hausse des prix du brut, sa matière première.

Le bâtiment et l'industrie automobile sont mal en point en Europe, seul le secteur de l'emballage se maintient, or ce sont les principaux débouchés des industries plastiques, elles-mêmes clientes de l'industrie pétrochimique. C'est pourquoi la pétrochimie européenne est actuellement en surcapacités. Les installations de vapocraquage de naphta fonctionnent à peine à 80% de leur potentiel. Dans le même temps, leur matière première - et leur source d'énergie -, le pétrole n'a fait que renchérir. D'où une rentabilité très fragile, les marges de la pétrochimie européenne en prennent un coup.

L'éthylène en particulier, produit phare de la pétrochimie, pour la fabrication des plastiques souples des emballages, n'est plus aussi compétitif que l'éthylène du Moyen-Orient, fabriqué à partir d'éthane, c'est-à-dire de gaz, beaucoup moins coûteux que le pétrole - pétrole que les pays du Moyen-Orient préfèrent, on le comprend, exporter brut. Le Moyen-Orient fournit déjà majoritairement l'Asie en éthylène bon marché. Il pourrait aussi se mettre à fournir de l'éthylène bon marché à l'Europe, au moindre réveil de son industrie plastique.

Les Etats-Unis ne sont pas sur le point, en revanche, d'envahir le marché européen avec des polymères issus du gaz : les vapocraqueurs à base d'éthane n'ont pas encore vu le jour sur le sol américain, ils sont au stade des études d'ingénieries ; mais le boom du gaz de schiste permet tout de même aux vapocraqueurs de pétrole, aux Etats-Unis, de tourner avec une énergie peu chère et donc à la pétrochimie américaine de conserver ses parts de marché sur son propre sol. A l'avenir à partir de 2016, la production d'éthylène à partir de gaz sera surtout destinée à l'Amérique centrale.

En cette période morose, l'industrie pétrochimique européenne a tout de même une source de réconfort : elle n'est pas concurrencée par le Moyen-Orient sur le butadiène, parce que le gaz ne permet pas d'en produire comme le pétrole. Or le butadiène est indispensable à la fabrication du caoutchouc synthétique et donc des pneus. Voilà pourquoi en ce moment, l'Europe exporte ses surplus de butadiène jusqu'aux Etats-Unis.

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