Un coup de froid sur le cacao ivoirien fait grimper les cours

Les cours du cacao se sont brutalement réveillés depuis le début de la semaine : + 7 % à Londres - on y a dépassé les 1700 livres la tonne ; + 10 % à New York, à plus de 2500 dollars la tonne.

Des prix certes bien loin des records de mars 2011, lorsque le bras de fer entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara avait hypothéqué la sortie des fèves des ports de Côte d'Ivoire, le premier producteur mondial ; mais c'est un niveau qu'on n'avait plus vu depuis neuf mois.

Cette envolée peut paraître étrange si l'on s'en tient au contexte plutôt morose de l'industrie du chocolat : on aura broyé moins de fèves que prévu d'ici la fin de la campagne le mois prochain. Finalement il ne manquera "que" 19 000 tonnes de cacao au marché, estime désormais l'Organisation internationale du cacao (ICCO), alors qu'elle avait prévu un déficit beaucoup plus important.

Cela devrait déprimer les cours. Mais les marchés ne se préoccupent plus de l'ancienne campagne, ils n'ont d'yeux que pour la nouvelle. Or la prochaine récolte ivoirienne, mais aussi la récolte ghanéenne, sont actuellement menacées par la pourriture brune des cabosses, qui pourrait affecter gravement le volume et la qualité de la production. La pluie n'a pas cessé, la chaleur n'est pas suffisante pour sécher les cacaoyers, et les producteurs manquent de fongicide pour lutter contre cette maladie, qui rend les cabosses visqueuses. Il est évidemment trop tôt pour en tirer des conclusions sur le niveau de production mais cette menace climatique a fait frémir les marchés, plus encore que la reprise des violences en Côte d'Ivoire.

Car si l'on constate un fort regain des exportations de cacao sud-américain, notamment de l'Equateur, si l'on observe aussi que le cacao de Madagascar trouve de nouveaux débouchés auprès des industriels suisses... le cacao ouest-africain reste incontournable, il représente encore 80 % de l'approvisionnement mondial de fèves, d'où son influence majeure sur les cours.
 

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