La demande de fil et de textile est tellement faible que les filateurs chinois de « la » province textile du Shandong ont diminué de plus de moitié leurs capacités, certaines sont même en faillite. Dans ce contexte, il leur est difficile d'honorer leurs contrats d'achat de coton, conclus à une époque où la fibre dépassait le dollar la livre, alors qu'elle ne vaut plus que 70 cents actuellement.
On observe un climat de défaillances sans précédent, témoigne un négociant. Le phénomène avait commencé avec nos acheteurs au Bangladesh et au Pakistan, il s'est étendu à nos clients chinois, vietnamiens, et indonésiens. Les plus honnêtes nous disent : « Je ne vends plus mon fil, je ne peux pas honorer mon contrat aujourd'hui, étant donné que la banque ne veut pas me donner mes lettres de crédit ». D'autres profitent de la situation pour renégocier à la baisse les prix conclus il y a plusieurs mois ; voire les reporter indéfiniment.
Le résultat c'est que les négociants qui traitent le coton africain encouragent les sociétés cotonnières à patienter un peu avant de vendre, pour ne pas avoir trop de marchandise sur les bras avec un tel différentiel de prix. Ce qui va retarder la fin des embarquements de la campagne actuelle : un quart à un tiers de la récolte de coton africain attend encore d'être expédiée. L'an dernier, il ne restait presque plus une balle dans les ports.