Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'or est bien pâle en ce moment. L'once est à nouveau repassée sous le seuil des 1 600 dollars - à comparer aux 1 900 dollars, le record de septembre dernier. On attribue pourtant au lingot la qualité de refuge en période de crise. Mais pas en période d'assèchement du crédit comme c'est le cas en ce moment. Peu de liquidités et donc pas de risque d'inflation, ce contexte est mauvais pour l'or.
Et le décor ne risque pas de changer dans l'immédiat puisque la Banque fédérale américaine a refusé de faire à nouveau marcher la planche à billet pour doper l'économie du pays. Alors le dollar continue de se renforcer, et les investisseurs misent non pas sur l'or mais sur les bons du Trésor américain ou sur les obligations allemandes, considérées comme plus sûres !
Si la valeur de l'or plafonne depuis le début de l'année, c'est aussi que la demande de l'Inde est très ralentie, or elle est prépondérante sur le marché physique. Au cours des trois derniers mois, les Indiens ont acheté moitié moins de métal précieux qu'au cours de la même période l'an dernier.
La faute au ralentissement de l'économie, la croissance indienne au premier trimestre fut la plus faible en neuf ans. La faute à la roupie : très faible par rapport au dollar, elle a renchéri la valeur locale de l'or et dissuadé beaucoup d'acheteurs indiens. La faute enfin au mauvais début de la mousson : les paysans indiens attendent que les pluies bénéfiques aux semis soient plus généreuses et donc annonciatrices de bonnes récoltes pour eux-mêmes acheter de l'or, avant la saison des mariages et des festivals, qui débute cet été. Les paysans représentent encore 50% des achats d'or du pays.