Pour l'instant l'extraction de l'or se poursuit au Mali, qui est le troisième producteur de ce métal précieux au monde. Les gisements en activité, qu'il s'agisse de Loulo, Sadiola, Yatela ou Morila, sont situés soit dans la région de Kayes, complètement au sud-ouest du pays, soit au sud-est de Bamako, dans la région de Sikasso. C'est-à-dire très loin des régions nord, conquises par les rebelles touaregs ; et très loin de l'agitation de la capitale, Bamako.
Les groupes miniers qui exploitent ces mines d'or, au premier rang desquels le britannique Randgold, présent dans le pays depuis 15 ans, mais aussi le sud-africain Anglogold Ashanti, poursuivent donc sans trop de perturbation leurs activités d'extraction, depuis le coup d'Etat du 22 mars. Mais les sanctions économiques prononcées par la Cédéao pourraient, si elles se prolongent, avoir des conséquences beaucoup plus importantes sur l'activité minière que la crise politico-militaire.
Les frontières sont désormais fermées avec les pays voisins, or le Mali, totalement enclavé, dépend d'eux pour ses approvisionnements en carburant. Le carburant, c'est le nerf de l'activité minière. Les excavatrices en consomment des quantités croissantes, avec une production d'or qui, loin de l'image de l'orpaillage ancien, a pris des proportions industrielles, puisque le minerai est extrait par des engins, à ciel ouvert, et qu'il faut ensuite de l'électricité - et donc encore du carburant -, pour lessiver le minerai au cyanure et ainsi isoler l'or pur. Randgold avait refait ses réserves de carburant juste avant le coup d'Etat. La compagnie britannique dit ainsi pouvoir tenir deux semaines. Anglogold de son côté, dit ne pas être contingenté en carburant à ce jour. Seule l'exploration de nouveaux gisements a subi un coup d'arrêt. La petite compagnie canadienne Iamgold a même choisi de rapatrier son personnel.
Mais le Mali continue à produire de l'or et à l'exporter, par voie aérienne. C'est une manne pour ce pays. L'an dernier, 43 tonnes et demi ont été produites soit 1 million 318 000 onces d'or, c'est moins que l'année précédente mais avec une once qui franchissait les 1 900 dollars à l'automne, les revenus aurifères du Mali ont tout de même augmenté de 20% : 240 milliards de francs Cfa, l'équivalent de 366 millions d’euros, soit 15% du produit intérieur brut du Mali et 70% de ses recettes d'exportation.