L'Age d'or du gaz n'est plus aussi certain selon l'AIE

L'essor de l'industrie du gaz n'aura lieu que si l'industrie est en mesure de rassurer l'opinion sur son extraction. C'est l'avis de l'Agence internationale de l'énergie, l'AIE, dans son dernier rapport.

L'an dernier, l'Agence internationale de l'énergie était bien plus triomphale : elle annonçait un «Age d'or du gaz», tant les perspectives dans le secteur des gaz non conventionnels, notamment des gaz de schistes, étaient prometteuses. Le gaz devait en 20 ans doubler le charbon beaucoup plus polluant comme deuxième source d'énergie, derrière le pétrole, avec une croissance de la demande de 50%.

Mais depuis, les opinions publiques se sont mobilisées dans différents pays contre la fracturation hydraulique, souvent pratiquée sauvagement aux États-Unis - où le sous-sol est privé. Cette méthode indispensable à l'exploitation des gaz dits de schiste, demande de fracturer la roche en profondeur, et d'y injecter beaucoup d'eau additionnée de produits chimiques, pour en expulser les hydrocarbures. La peur d'une pollution de l'eau potable ou de la diminution de sa ressource ont abouti à des manifestations et à l'interdiction pure et simple de cette méthode en France et en Bulgarie. En Grande-Bretagne, le séisme consécutif à un forage n'a rien fait pour améliorer l'image de cette industrie.

D'où la mise en garde de l'Agence internationale de l’énergie cette année. L’Âge d'or du gaz n'est plus garanti. Il n'adviendra que si l'industrie respecte une série de « règles d'or » propres à rassurer l'opinion, dont les inquiétudes sont légitimes, souligne-t-elle. Sept règles, et avant tout la transparence, sur les produits chimiques utilisés, la quantité et la qualité de l'eau avant et après forage ; mais aussi une sélection très stricte des sites géologiques pour éviter les séismes, et fracturer loin des nappes phréatiques, ainsi que des exigences maximales de fiabilité des puits pour empêcher les fuites. L'Agence travaille à une plateforme commune de contraintes environnementales, le principe en a été admis lors du dernier G8 à Camp David. Elle a estimé que le respect de ces contraintes occasionnerait un surcoût de 7% aux projets mais, selon les propres mots de l'économiste en chef de l'AIE, préserverait de « jolis profits » à l'industrie gazière ! Une industrie qui n'a pas d'autre choix que de regagner la confiance de l'opinion publique si elle veut prospérer. En devenant exemplaire.

Partager :