A partir d'aujourd'hui, si un opérateur indien veut investir sur le marché du soja, cela lui coûtera plus cher. Sur ces marchés à terme, on achète des contrats, c'est-à-dire du papier, on ne paie jamais au comptant. Dans un premier temps, on verse simplement un dépôt de garantie. Ce dépôt est en général modeste, mais il arrive que les gestionnaires des places boursières en augmentent le montant. La plupart du temps, c'est pour éviter une hausse excessive des prix des produits incriminés. Dans notre cas, les dépôts de garantie ont doublé, passant à 10% de la mise réelle.
En l'occurrence, si les responsables des marchés à terme indiens ont doublé le dépôt de garantie sur le soja, c'est que le cours de cet oléagineux, indispensable à la nourriture animale, a augmenté de 40% ces cinq derniers mois. En augmentant le dépôt de garantie, les responsables boursiers indiens veulent dissuader les spéculateurs de s'intéresser aux cours du soja. Avec des spéculateurs absents ou moins nombreux, les raisonnements purement financiers auront moins d'impact sur les cours. Prévaudrait essentiellement le traditionnel rapport entre l’offre et la demande, plus prévisible, moins aléatoire avec pour conséquence des prix plus sages.
Mais les gestionnaires indiens des marchés à terme agricoles n'ont pas pris cette décision spontanément. Ils n'ont fait qu'obéir à la Commission des marchés à terme, un organisme public qui dépend du ministère indien de l'Alimentation. Le souci est donc patent. En ces temps où les cours des matières premières agricoles ont tendance à s'envoler et la vie est de plus en plus chère, le gouvernement indien cherche à limiter la casse, par tous les moyens à sa portée. Le problème, c'est que cette technique ne peut pas grand-chose contre la grande spéculation et qu'elle est en particulier peu susceptible d'effrayer des fonds spéculatifs riches de centaines de millions de dollars.