Les galériens du cuivre péruvien

Au Pérou, neuf mineurs sont toujours prisonniers de la mine de cuivre dans laquelle ils travaillaient. L'éboulement s'est produit jeudi 5 avril et les secouristes ne pensent pas pouvoir les sortir avant quarante-huit heures. La mine en question est une mine artisanale. Un phénomène très répandu au Pérou.

Chaque année au Pérou, les accidents dans les mines artisanales font une cinquantaine de morts. Ces mines, de cuivre en particulier, sont exploitées de manière illégale et aux risques et périls des mineurs qui y descendent. Ces galériens du sous-sol veulent profiter du miracle minier péruvien. Les chiffres ont de quoi les faire rêver et on comprend qu'ils veuillent leur part du gâteau.

L'an dernier, les exportations de cuivre ont rapporté plus de 6 milliards de dollars à l'économie péruvienne. Mais pour exploiter une mine, il faut avoir les reins solides. Il y a cinq ans, pour un gisement potentiellement riche de 100 000 tonnes de cuivre, ce qui est très peu, il fallait investir 500 millions de dollars, au Pérou comme ailleurs. Aujourd'hui pour ces mêmes cent mille tonnes, la mise de départ minimale a plus que doublé.

Tout est plus cher parce que tout est plus long. Il y a cinq ans entre le premier coup de pioche exploratoire et l'extraction de la première tonne de minerai, cinq ans s'écoulaient. Aujourd'hui c'est dix ans. Les réglementations environnementales se sont durcies. Les négociations entre les entreprises minières et l'Etat sont compliquées par les pressions des communautés locales qui refusent souvent de voir dégrader leur cadre de vie. Par ailleurs, les délais de livraison pour le matériel minier, les compresseurs, les excavateurs, les camions sont très longs parce que la demande mondiale est si forte que les fabricants n'arrivent pas à fournir. C'est donc à coups de milliards de dollars que les plus grands groupes mondiaux, australiens, chinois, américains, se partagent les réserves de minerai de cuivre du pays.

Evidemment, les mineurs péruviens piégés depuis jeudi dernier par deux 250 mètres de profondeur n'ont pas ces moyens là. La mine dans laquelle ils sont enfermés est un gisement à faible teneur, abandonné depuis vingt ans et tout juste bon à fournir une maigre pitance à ces laissés pour compte du miracle minier péruvien.

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