L'objectif de ce rendez-vous des constructeurs de Renault-Nissan-Mitsubishi à Yokohama au Japon est bel et bien de tourner la page des deux dernières décennies, avec une nouvelle gouvernance, un nouveau conseil opérationnel pour l'alliance. Il ne se réunira plus à Amsterdam, aux Pays-Bas, siège des filiales qui auraient servi les intérêts personnels de Carlos Ghosn, mais à Paris et à Tokyo : une façon de montrer que l'on veut mieux partager les pouvoirs, éviter l'hégémonie de l'un ou de l'autre des dirigeants.
Le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, l'homme qui a fait tomber Carlos Ghosn, estime qu'il s'agit d'un vrai partenariat sur un pied d'égalité. Un accord « win-win-win », c'est-à-dire « gagnant-gagnant-gagnant ». Jean-Dominique Sénard, le président de Renault, qui parle d'un nouveau départ, sera de fait le numéro un de ce conseil, mais il devra davantage composer avec ses alliés japonais. Et signe que les temps changent, Jean-Dominique Sénard ne briguera pas la présidence de Nissan, qu'occupait pourtant Carlos Ghosn.
De son côté, Carlos Ghosn n'a pas abattu toutes ses cartes. Le bâtisseur déchu de l'alliance avait tenté de s'inviter à la réunion de Yokohama : il reste pour quelques semaines encore administrateur de l'alliance puisqu'il n'a été évincé que de son fauteuil de président. Dans un communiqué, il se dit prêt à remplir ses obligations professionnelles envers les actionnaires qui l'ont élu. Manière de montrer qu'il est encore dans le jeu. Et manière de lancer une bataille médiatique. A tout moment, il peut dégainer une conférence de presse, pourquoi pas tout de suite, en court-circuitant le processus de renouveau initié par son successeur.
En France, une enquête de justice a été ouverte sur le mariage de Carlos Ghosn en 2016 au Château de Versailles. L'entreprise Renault a en effet signalé des soupçons sur le financement de la fête.