Acier: les Européens se préparent aux nouveaux droits de douanes américains

Les ministres du Commerce de l’Union européenne se réunissent mercredi à Bruxelles. Jean-Baptiste Lemoyne représentera la France ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian. Une présence inhabituelle justifiée par ce moment critique : au 1er juin, les Etats-Unis imposeront unilatéralement des droits de douane de 25% sur l’acier et 10% sur l’aluminium européens. L’Union européenne cherche à convaincre Washington de revenir sur cette décision mais ce n’est pas gagné.

L’Union européenne exige une exemption inconditionnelle et illimitée dans le temps. Pour Bruxelles, rien ne justifie la décision américaine, sûrement pas la « sécurité » invoquée par Washington. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a d’ailleurs été saisie par l’Union européenne, qui souhaite cependant faire preuve de bonne volonté : si Washington renonce à ces taxes, Bruxelles soutiendra la volonté américaine de réformer l’OMC, jugée dysfonctionnelle.

Les Etats-Unis pourraient augmenter leurs exportations de gaz naturel en Europe, essentiellement vers l’Allemagne. Bruxelles envisage enfin d’améliorer l’accès au marché européen de divers produits américains, en levant certains obstacles règlementaires, par exemple des normes de sécurité dans l’automobile.

Vers une guerre commerciale ?

Si ces incitations n’étaient pas suffisantes, l’Union européenne menace : une liste de plus de 300 produits américains est déjà prête, les diplomates l’appellent « la liste moto-Bourbon ». Avec des mesures de représailles - de « rééquilibrage » dit-on au Quai d’Orsay - applicables dès cet été.

Des discussions Europe-Etats-Unis ont également lieu autour des sanctions économiques américaines en Iran : les diplomates du Quai d’Orsay reconnaissent que les sujets « se touchent » mais assurent que les négociations ne sont pas liées.

Des Européens peu optimistes

Sur les chances de voir les Américains renoncer à imposer l’acier et l’aluminium européens, sur la seule base des incitation européennes et sans entrer dans une guerre commerciale, un diplomate français pose ce jugement : « L’analyse du comportement américain n’incite pas à l’optimisme forcené. »

« Je crois que [les Etats-Unis] estiment que ce n'est pas assez », a prévenu de son côté la commissaire au Commerce Cecilia Malmström mardi à son arrivée à une réunion ministérielle à Bruxelles.

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