De notre envoyée spéciale, Mounia Daoudi
Le discours de Donald Trump, sans agressivité, a été débité sur un ton monocorde. Il a duré 15 minutes, pas une de plus, comme annoncé par ses conseillers. Le président américain a vanté la bonne santé retrouvée de l'économie américaine « après des années de stagnation », une Amérique où le chômage n'a jamais été aussi bas et où la bourse vole de record en record. « Le monde est témoin de la renaissance d’une Amérique forte et prospère », a déclaré le président américain.
« Il n’y a jamais eu de période aussi propice qu’aujourd’hui pour investir, embaucher, construire et croitre aux Etats-Unis. L’Amérique est ouverte aux affaires et nous sommes à nouveau un pays compétitif. », a-t-il lancé aux patrons venus l'écouter mettant en avant sa réforme fiscale.
Donald Trump a par ailleurs assuré qu'il ferait toujours passer l'Amérique d'abord, « America first », s'étonnant même que les dirigeants des autres pays ne fassent pas de même. Mais « l'Amérique d'abord ne signifie pas l'Amérique seule », a-t-il nuancé avant d'affirmer que les Etats-Unis étaient en faveur du libre-échange à condition qu'il soit juste et réciproque.
Donald Trump a dit être à Davos pour « représenter les intérêts du peuple américain » et pour « réaffirmer l’amitié et la disponibilité pour construire un monde meilleur comme tous les pays qui sont ici présents. »
Pas de dérapage, pas de diatribe anti-mondialisation : dans la salle, ceux qui étaient venus voir un show de Donald Trump repartent déçus comme en témoignent les applaudissements polis qui ont conclu son discours.
Terrorisme
Appelant le reste du monde à suivre les pas de l’Amérique, Donald Trump a également profité de cette tribune pour aborder d’autres questions, notamment le terrorisme. Le président américain considère que la lutte contre le groupe Etat islamique est « un succès » et que la coalition a repris « presque 100% des territoires » aux mains de Daech en Irak et en Syrie.
Donald Trump estime néanmoins que la question du terrorisme est toujours d'actualité. « Il reste encore des combats et du travail à faire afin de consolider ce qui a été fait. Nous sommes déterminés à éviter que l’Afghanistan ne redevienne un sanctuaire pour les terroristes qui veulent commettre des tueries contre nos populations. »
Il a remercié au passage les nations présentes pour « cet effort indipensable », estimant qu'il s'agit non seulement de sauver des vies mais aussi de « redonner espoir à des millions et des millions de personnes. »
Un discours « plein de mensonges »
Mais pour le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, le tableau d'une Amérique en pleine croissance économique dépeint par le président est mensonger. « Comme je l'imaginais, son discours était plein de mensonges, comme sa réforme fiscale. Quand elle entrera totalement en vigueur, elle conduira à une hausse des impôts pour la grande majorité de la classe moyenne », s'inquiète l'économiste.
Alors que Donald Trump s'est évertué à mettre en avant sa réforme, pour Joseph Stiglitz, cette dernière est au contraire très néfaste pour le pays. « Il n'a pas non plus expliqué que cette réforme va augmenter le déficit de 102 milliards de milliards de dollars. Et 30 millions d'Américains de plus n'auront pas d'assurance santé dans un pays où les gens meurent dans la rue. C'est la réforme fiscale la plus inégalitaire de l'histoire, voilà ce que c'est en réalité. »
« Elle ne va pas augmenter la croissance parce qu'elle crée une distorsion de l'économie, poursuit le prix Nobel. Pour la première fois, on va imposer nos grandes universités. Ce n'est pas de cette façon que l'on crée de la croissance en imposant Harvard et Princeton et en exonérant les spéculateurs dans l'immobilier. Je n'ai jamais vu une économie croitre grâce à la spéculation. »