STX: Rome et Paris trouvent un accord

Paris et Rome ont trouvé un terrain d'entente sur le contrôle des chantiers navals STX. Après plusieurs mois de négociations, la France a proposé une solution qui a été officialisée ce mercredi 27 septembre lors d'une conférence de presse d'Emmanuel Macron et Paolo Gentiloni.

L'idée est que l'italien Fincantieri, repreneur des chantiers navals de Saint-Nazaire, obtienne 50 % du capital de la société, mais que l'Etat français lui concède un prêt de 1 % des actions pour 12 ans. Cela permettrait aux Italiens d'être majoritaires et d'avoir la direction opérationnelle. Mais cela donnerait également la possibilité à la France de sauver la face, rapporte notre envoyée spéciale à Lyon, Valérie Gas. En effet, ces 1 % sont potentiellement récupérables à échéance de deux, cinq, huit ou douze ans si les engagements, notamment sur gouvernance et la préservation de l'emploi, ne sont pas tenus.

Afin de peser sur la gouvernance, l’Etat français aura ainsi un droit de veto même si la direction des chantiers sera nommée par Fincantieri. Le PDG de l'entreprise sera français et aura une voix prépondérante au conseil d’administration.

Paris et Rome ont également décidé d’étudier la possibilité d’un rapprochement d’ici l'été 2018 entre Fincantieri et Naval Group, le géant français de la construction navale militaire. L’idée est de bâtir un champion mondial dans le secteur naval civil et militaire.

Ce compromis permet à Emmanuel Macron, qui avait stoppé en juillet dernier les négociations en cours en utilisant l'arme de la nationalisation temporaire, de ne pas donner l'impression de céder et de brader les intérêts français. Cela lui permet également de ne pas risquer une brouille avec les Italiens alors même qu'il veut relancer l'Europe.

Pour Marc Ivaldi, professeur à la Toulouse School of Economics, cette opération était une nécessité. « On joue l'Europe, on a besoin de construire des entreprises en Europe importantes parce qu'elles vont avoir à faire face à la concurrence de grandes entreprises, notamment chinoises, dans la construction maritime », analyse-t-il. Dans cette perspective, construire une entreprise européenne était plus facile, estime encore Marc Ivaldi, dans la mesure où elle met en relations des cultures et des modes de fonctionnement proches. Et de citer l'exemple de la fusion entre Siemens et Alstom.

Du côté des syndicats de Saint-Nazaire, on salue la solution trouvée tout en assurant que chacun restera vigilant. « Cela nous permet de stabiliser notre actionnariat et de regarder un peu plus vers l'avenir. Les clients n'aiment pas avoir une instabilité de capital sans savoir à qui ils passent une commande ou à qui ils la passeront dans plusieurs années », indique Christophe Morel, délégué CFDT des chantiers de Saint-Nazaire.

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