De notre correspondante à Québec,
Il s’agit encore d’une technologie à l’essai. Plusieurs études ont eu lieu dans la foulée du scandale de la viande chevaline en 2013, retrouvée dans des steaks soi-disant pur bœuf et des lasagnes en Grande-Bretagne. Des chercheurs de ce pays ont eu l’idée d’utiliser un modèle informatique, mis au point après le tsunami en Indonésie. Il s’agissait de détecter les éventuels tremblements de terre sous-marins annonciateurs de la catastrophe à venir.
Pour la fraude alimentaire, on surveille les variations de valeur des aliments échangés entre les pays, et les éventuelles anomalies. Chaque jour, des dizaines de milliers de produits transitent d’un pays à l’autre, chacun doté d’une étiquette normalisée. Il est donc possible d’établir une moyenne du volume et des prix correspondant à chaque denrée. Par exemple, la Grande-Bretagne achète tant de tonnes d’avoine pour le porridge matinal chaque mois. Année après année, les variations se ressemblent. Tout changement brusque à la baisse ou la hausse peut donc jouer le rôle d’un signal d’alarme.
La lutte contre les fraudes alimentaires, pas seulement par la loi
Cela aurait-il pu prévenir la fraude qui a touché les lasagnes et les steaks faits de viande chevaline ? Les chercheurs pensent que oui. La mise en lumière d’une anomalie grâce à l’analyse de cet immense base de données aurait pu mettre la puce à l’oreille des spécialistes en crimes alimentaires. Leurs graphiques indiquent en effet que des changements sont perceptibles concernant les entrées en Grande-Bretagne de viande de cheval trois mois avant le scandale qui va éclabousser une grande partie de l’industrie alimentaire.
L’utilisation d'algorithmes orientés vers les denrées pourrait donc faire partie de l’arsenal de prévention des fraudes. A condition bien sûr de référer ces données à des enquêteurs spécialisés en crimes alimentaires, comme en disposent plusieurs pays européens, contrairement au Canada. La lutte contre les fraudes alimentaires ne dépend donc pas seulement d’un durcissement des lois ou des règlements, même si bien sûr, cela y contribue grandement.
Tout savoir sur la cuisse de poulet offert au supermarché du coin
Certains, cependant, suggèrent d’autres moyens pour restaurer la confiance des consommateurs dans l’industrie alimentaire. Ils prônent une plus grande transparence passant par un accès facilité aux informations concernant l’aliment qui se retrouve dans votre assiette. Le maître d’œuvre d’une meilleure traçabilité des produits alimentaires s’appuie sur la technologie BlockChains. Littéralement, « les ensembles de blocs ». Imaginons par exemple que vous voulez tout savoir sur la cuisse de poulet offert au supermarché du coin. Grâce au BlockChain, vous pourriez.
Car le volatile serait doté d’une identité numérique propre. Tout cela veut dire que les données relatives à sa naissance dans un poulailler lambda, à sa première dose d’antibiotiques, en passant par la provenance des céréales qu’il a ingéré pendant plusieurs semaines, et jusqu’à l’adresse de l’abattoir qui l’a séparé en plusieurs morceaux ; ce type de données cryptées serait infalsifiable. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce genre de technologie a été mis au point pour transmettre des transactions financières de type Bitcoin.