Le prélèvement de l'impôt sur le revenu des salariés par l'entreprise, et des retraités par leur caisse de retraite, entraîne une petite révolution dans les habitudes des Français. Tout d'abord, ils ne paieront plus l'impôt dû sur les revenus de l'année précédente, mais celui de l'année en cours. Par exemple, cette année les contribuables acquittent l'impôt sur les revenus de 2015. A compter du 1er janvier 2018, il est prévu qu'ils commencent à payer les impôts de... 2018. Autre changement qui risque d'avoir des effets perturbateurs, au moins au début, le montant des salaires et retraites perçus sera sensiblement diminué puisque déjà net d'impôt. Mauvais pour le moral.
Les opposants à ces changements mettent en avant la rupture du sacro-saint secret fiscal. En France on n'aime pas beaucoup dire combien on gagne et ce que l'on possède à la banque. Et là, le gouvernement a été contraint de faire preuve de pédagogie. L'employeur, explique-t-on à Bercy, ne connaîtra pas les revenus non salariaux de l'employé, ni sa situation personnelle en matière d'enfants à charge, de pension alimentaire ou autre. Il ne connaîtra et n'appliquera qu'un taux, c'est-à-dire un chiffre, au montant des salaires qu'il verse. Une explication qui ne satisfait pas totalement et le gouvernement a jugé bon de prévoir l'application, pour ceux qui le désirent, d'un taux neutre. Le contribuable s'arrangera par ailleurs directement avec l'administration fiscale pour ajuster le montant de ses impôts à sa situation réelle.
Le fond et la forme
Michel Sapin, ministre des Finances chargé de préparer le prélèvement à la source, affirme que c'est un sujet qui ne semble pas nécessiter de tels emportements politiques. Car, en fait, cette révolution n'en est pas une. On modifie la forme de l'imposition, la manière pour l'Etat de le percevoir mais on n'en change rien au fond. On est bien loin en effet de la grande réforme fiscale prônée depuis fort longtemps à gauche de l'échiquier politique. Une remise en cause globale qui élargirait l'assiette de l'impôt, actuellement moins d'un Français sur deux est imposable, mais le rendrait plus progressif. Une vraie réforme qui signerait la fin des niches fiscales et reverrait le principe tant décrié du quotient familial qui bénéficie surtout aux plus aisés.
La question qui préoccupe les Français au premier chef c'est la diminution des impôts. Une préoccupation à laquelle entend répondre toute la classe politique en cette année pré-électorale. La semaine prochaine le gouvernement va annoncer une baisse d'impôts pour les ménages l'an prochain, une diminution inférieure à 2 milliards d'euros qui porterait soit sur l'impôt sur le revenu, soit sur la CSG, soit sur la prime d'activité. Rien n'est encore fixé. Quant à Nicolas Sarkozy il promet, s'il est élu, une diminution de 10% de l'impôt sur le revenu, une large exonération des droits de succession, la suppression d l’impôt sur la fortune, soit au total une trentaine de milliards d'euros.