«Offshore»: sous pression mondiale, le Panama perquisitionne Mossack Fonseca

Les autorités panaméennes ont décidé de réagir, près de 10 jours après les premières révélations du scandale dit des « Panama Papers », révélations publiées grâce au traitement des données issues du cabinet d’avocat panaméen Mossack Fonseca. A Panama City, l’immeuble abritant les locaux de ce cabinet a été perquisitionné dans la nuit du mardi au mercredi 13 avril par les services du procureur en charge de l’affaire. Au Pérou et au Salvador, la justice n'a pas attendu si longtemps, puisque les locaux du cabinet avaient été perquisitionnés dès la semaine dernière.

L'opération a mobilisé de gros effectifs de police, pour empêcher les nombreux journalistes postés devant les locaux de Mossack Fonseca d’y entrer. Le but de la perquisition est de trouver les preuves de l’utilisation de cette société pour la mise en place d'activités illégales, selon le bureau du procureur Javier Caraballo, précisément spécialisé dans les affaires liées au crime organisé et au blanchiment d’argent.

La perquisition, qui n'est pas la première touchant Mossack Fonseca aux Amériques, n’intervient pas à n’importe quel moment, puisque ce mercredi se tient à Paris une réunion organisée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), au cours de laquelle la France souhaiterait que cet organisme international remette le Panama sur la liste des paradis fiscaux, dont elle l’avait retiré en 2012.

Cette perquisition est un moyen de démontrer l’investissement de la justice de ce petit pays latino-américain après les révélations distillées ces derniers jours par la presse mondiale. Pour rappel, Mossack Fonseca est déjà cité dans d’autres affaires de corruption, notamment le scandale gigantesque né au Brésil autour de la compagnie nationale pétrolière Petrobras.

Un effort vain pour le Panama ?

L'initiative défendue par la France devant l'OCDE, et mise en place unilatéralement par Paris dès la semaine dernière, a fait l’objet de critiques de la part des autorités panaméennes. Peu de temps avant la perquisition de la nuit dernière, le président du Panama a d'ailleurs invité de nouveau le gouvernement français à « reconsidérer sa décision, faute de quoi le Panama exercera des mesures de représailles diplomatiques ».

Il paraît cependant difficile d’imaginer qu’une simple perquisition empêche les pays membres de l’OCDE de sévir. L'Australie propose une mise en commun des informations sur l'évasion fiscale dont dispose chaque pays. Mardi, la Commission européenne a présenté des mesures pour lutter contre la fraude fiscale. Les entreprises ayant une filiale dans l'UE, et un chiffre d'affaires supérieur à 750 millions d'euros, devront publier leur chiffre d'affaires, leur bénéfice et les impôts qu'elles payent.

Le G20 pourrait à son tour adopter un plan pour lutter contre les paradis fiscaux. Le ministre français des Finances, Michel Sapin, s'envolait ce mercredi pour Washington, dans le but de convaincre ses partenaires. « La France toute seule, c'est très bien, mais enfin, ce n'est pas ça qui va avoir un effet dissuasif massif. C'est donc la question de la coopération ; il faut que nous ayons tous mis en œuvre le système d'échange d'informations automatique et que nous mettions au ban des nations ceux qui refusent de le faire. C'est ce que nous faisons pour le Panama », a expliqué le ministre, mardi sur RFI.

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