« Les Chinois ont d'abord été impliqués dans des projets d'infrastructures à l'étranger comme simples fournisseurs. Désormais, il leur faut investir, développer et opérer les projets », déclarait voilà trois ans Lou Jiwei, patron de China Investment Corporation (CIC), devenu ensuite ministre des Finances de la République populaire de Chine. En 2012, ce fonds souverain chinois, dirigé alors par Lou Jiwei, a acquis 8,68 % des parts de la compagnie Thames Water, distributeur d'eau à Londres. Cette opération illustre bien l’intérêt que portent les Chinois au Royaume de Sa Majesté.
Certes, sur les six premiers mois de 2015 le flux d’investissements s’est un peu tari, avec à peine 1,8 milliard de dollars investis par rapport aux 8 milliards de l’année dernière. Mais les accords conclus lors de la visite de Xi Jinping au Royaume-Uni ont permis remonter la barre.
Immobilier, énergie et finance
Première destination en Europe et huitième dans le monde, le Royaume-Uni attire fortement les investisseurs chinois. On retrouve parmi eux aussi bien l’Etat chinois que les fonds souverains ou les entreprises privées. Depuis 2005, ces acteurs ont placé au Royaume-Uni plus de 29 milliards de dollars, selon les chiffres avancés par The American Enterprise Institute.
L'immobilier et la finance, respectivement à la première et la troisième place, sont les secteurs les plus plébiscités par les Chinois sur le marché britannique. Mais dans leur centre d'intérêt, il y a aussi l'énergie, deuxième secteur en termes d’investissements. Avec une population proche de 1,4 milliard et une classe moyenne grandissante, les besoins de la Chine en énergie sont, en effet, énormes. Le pays, en collaboration avec EDF notamment, a développé sa propre technologie nucléaire. La centrale de Hinkley Point C, dont la construction est prévue sur la côte de Somerset dans le sud-ouest de l’Angleterre, va constituer une belle vitrine de cette réussite chinoise.
Tout y passe, de l’agroalimentaire aux métaux de base
D’autres secteurs attirent les investissements chinois à travers des prises de participations ou des rachats d’entreprises. L’agroalimentaire, les transports, le tourisme, les commerces ou les infrastructures britanniques sont le réceptacle de ces investissements. Ainsi, en 2008 le fonds souverain chinois SAFE a pris une participation d'un peu moins de 1 % dans le capital de la compagnie pétrolière BP, en investissant un peu plus de 2 milliards de dollars. Ce fonds est l'Administration d'Etat des changes (SAFE), une émanation de la banque centrale chinoise qui gère la majeure partie des réserves de changes de la Chine. Voilà comment ses gardiens gèrent ses investissements.
Autre exemple : l'acquisition en juin 2012 par la Bourse de Hong Kong du London Metal Exchange (LME). Une opération de 2,15 milliards de dollars qui a permis à l'acteur londonien de se rapprocher encore davantage des acheteurs asiatiques et en particulier de la Chine, premier pays consommateur de métaux de base. Une occasion unique également pour Pékin qu’il ne fallait surtout pas manquer.