Les syndicats sont partis en ordre dispersé. D’un côté, CGT, FSU, UNSA et Solidaires ont organisé les traditionnels défilés du 1er-Mai sous deux mots d’ordre : la lutte contre les politique d’austérité en Europe et la défense de la liberté d’expression. De l’autre, la CFDT a affiché sa volonté de « déringardiser » le 1er-Mai, en organisant un rassemblement festif au Bois-de-Vincennes auquel 2000 personnes ont participé.
Combien de divisions ?
On a compté un peu plus de 300 défilés dans toute la France, le plus souvent plus clairsemés que l’an dernier. A Paris, ils étaient entre 9 000 et 12 000 à battre le pavé sous la pluie, scandait des slogans contre l’austérité au centre desquels le ministre français de l’Economie, Emmanuel Macron, figurait souvent en cible privilégiée des critiques. Le défilé bordelais a rassemblé 2 000 personnes, ils étaient 2000 à Bordeaux, près de 2 000 à Marseille ou encore 1 500 à Nantes. En tout, entre 75 000 et 110 000 personnes ont participé à ces défilés, contre 210 000 revendiqués par la CGT l’an dernier.
« C'est un 1er mai marqué par l'unité syndicale puisqu'on est quatre organisations syndicales à défiler ensemble », a commenté Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, reconnaissant cependant que l’absence de la CFDT et de FO dans les cortèges « est une configuration différente de la précédente » et que le mouvement syndical, en France, « a besoin de continuer à travailler pour essayer de rassembler ».
« Il ne faut pas faire semblant. Si tous les syndicats étaient d’accord en France, il n’y aurait qu’un seul syndicat. Ce n’est pas le cas. Il y a du pluralisme syndical, qui correspond à des différentes analyses », souligne Luc Berry, secrétaire général de l’UNSA, interrogé par RFI. Mais il n’en regrette pas moins cette division affichée un jour aussi symbolique. « Au moins, pour le 1er-Mai, on pourrait faire un peu autrement », a-t-il regretté, jugeant que cela porte atteinte à l’image des syndicats auprès des salariés. Un syndicalisme « exagérément dispersé, cela nuit à son efficacité », a-t-il martelé.
La CFDT veut « déringardiser »
Le « Working Time Festival », organisé par la CFDT au Bois-de-Vincennes a rassemblé environ 2000 personnes. Laurent Berger, secrétaire général du syndicat, a réfuté toute volonté d’entretenir les dissensions syndicales. Il ne s’agissait « pas d’opposer des modes de mobilisation », a-t-il justifié, mais d’organiser « une fête des travailleurs qui soit positive ». « Ce que les salariés attendent des syndicats, ce n'est pas forcément qu'ils soient unis de façon artificielle, c'est simplement qu'ils répondent à leurs préoccupations », a expliqué le leader de la CFDT sur iTELE. « Nous, on revendique un syndicalisme qui soit ouvert, qui soit fait de propositions et surtout qui soit tourné vers l'avenir et qui ne défende pas le monde du passé. »
FO fustige le « moule de l'austérité »
Du côté de Force ouvrière, qui organise traditionnellement ses propres défilés du 1er-Mai, Jean-Claude Mailly revendique des différences d’analyses avec les autres syndicats. « Ce n'est pas la peine de les cacher, de faire semblant, c'est contre-productif », a-t-il déclaré vendredi, en marge d’un meeting organisé à Bordeaux. Pour lui, la cassure remonte à 2012, « à partir du moment où la France s'est inscrite, contrairement à ce que François Hollande avait dit pendant sa campagne, dans le pacte budgétaire européen. (…) On est entré dans un moule. Ce moule s'appelle la logique d'austérité ».
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