L'inquiétude est grande chez les salariés du groupe qui craignent de la casse sociale. Lors d'un comité central d'entreprise extraordinaire, la direction a, donc, annoncé, ce mardi 24 mars 2015, qu'elle travaillait à un plan de départs volontaires de 200 à 300 salariés seniors. Ce qui permettrait à l'entreprise d'économiser 24 millions d'euros de masse salariale.
Selon les syndicats, la direction envisage également l'externalisation de certains métiers, et la disparition d'autres. Des menaces planent sur les radios du groupe, mais également sur les orchestres. Dans une interview au quotidien Le Monde, son président Mathieu Gallet a déclaré que Radio France n'avait plus les moyens de financer deux orchestres symphoniques, un chœur et une maîtrise pour un coût de 60 millions d'euros, ne générant que 2 millions de recettes de billetterie.
21 millions d’euros de déficit cette année
C’est la grève la plus dure depuis vingt ans. Toutes les antennes sont fortement perturbées, France Inter, France Info, France Culture et France Musique passent de la musique en continu. A court de trésorerie, l'entreprise publique doit d'urgence rééquilibrer son budget. Radio France, dont ne fait pas partie Radio France Internationale, prévoit un déficit de 21 millions d'euros cette année. Une situation due notamment à la baisse de la dotation de l'Etat, alors que les charges ont continué à augmenter. Un nouveau contrat d'objectifs et de moyens doit être conclu entre l'entreprise et l'Etat à la fin du mois. Il va fixer les ressources du groupe pour les cinq prochaines années.
Les syndicats, eux, remettent, surtout en cause, la gestion désastreuse de l'entreprise. Et notamment le coût exorbitant des travaux de réhabilitation de la Maison de la Radio de plus de 350 millions d'euros. Dans ce contexte financier très tendu, les révélations sur les frais de rénovation du bureau du président Mathieu Gallet, plus de 100 000 euros contre les 35 000 euros prévus, ont mis le feu aux poudres. Autre polémique, les révélations sur sa nouvelle voiture de fonction. Dans la foulée, l'Inspection Générale des Finances a décidé de lancer une enquête sur les dépenses de la direction.
L’audiovisuel public européen en crise
La radio publique française va mal, la télévision également. Le groupe France Télévision, dont le prochain président doit être bientôt désigné, est également dans la tourmente. Un plan de départs volontaires doit, prochainement, toucher près de 400 postes. Il faut dire que le budget du groupe affronte de grosses difficultés financières. Très appauvrie, France Télévisions réclame le retour de la publicité après 20 heures et une augmentation de la redevance.
Ailleurs en Europe, l'audiovisuel est en crise. En Grèce d'abord, fermée en juin 2013 sans préavis, la télévision publique grecque a été réouverte un an plus tard sous une forme minimale, mais avec près de 2 000 emplois en moins. Au Royaume-Uni, la BBC, le premier groupe audiovisuel public mondial, a annoncé la suppression de plus 400 emplois sur les deux prochaines années. En Italie, l'audiovisuel public est, également, en pleine réforme. Double objectif pour la RAI : assainir les comptes et gagner en indépendance vis-à-vis de l'Etat.