« Nous pouvons dire que le Lyon-Turin est non seulement acté, mais lancé », a annoncé le président François Hollande a l’issue du sommet franco-italien réuni ce mardi à l’Elysée. « Sa réalisation prendra encore du temps, mais il n’y a plus aujourd’hui aucun frein, aucun obstacle, pour aller vers la réalisation de cet ouvrage », a-t-il poursuivi.
Les premières ébauches de la liaison ferroviaire Lyon-Turin remontent à presque 25 ans. En traversant les Alpes à grande vitesse, elle doit mettre Milan à quatre heures de Paris, au lieu de sept actuellement. Elle doit également permettre de réduire le fret routier entre la France et l'Italie d'un million de camions chaque année, diminuant d'autant la pollution liée au trafic.
Pour cela, un tunnel de 57 kilomètres doit être creusé entre Saint-Jean-de-Maurienne, en France, et le Val de Suse, en Italie, pour un montant estimé actuellement à 8,5 milliards d'euros. Les premiers travaux doivent commencer en 2016 pour une mise en service espérée en 2028-2029.
Une opposition résolue
Mais ce projet rencontre une opposition résolue, à défaut d'être massive, notamment écologiste. Selon les toutes dernières estimations des opposants au projet ferroviaire Lyon-Turin chaque mètre du TGV va coûter plus de 152 000 euros, indique notre correspondant à Rome, Anne Le Nir. Une folie, dénoncent 24 maires du Val de Suse. Ces derniers estiment que les fonds engagés seraient bien plus utiles s'ils étaient dépensés pour des services publics essentiels. Par exemple pour les écoles et les hôpitaux. Ce qui inquiète plus encore la population locale, ce sont les risques environnementaux et sanitaires. Car le tunnel long de 57 km doit être creusé dans une zone parsemée d'uranium et d'amiante, faisant craindre que les poussières de ces minerais se répandent dans l'environnement. Qui est plus est, de nombreuses expropriations de terrains agricoles sont prévues.
Pour le gouvernement Renzi, ce projet est essentiel, car il permettra de réaliser un système de transport durable dans les Alpes, grâce au ferroutage. Là encore, les anti-TGV, les « No Tav », ne sont pas d'accord. De leur point de vue, il suffirait d'améliorer la ligne Lyon-Turin déjà existante pour permettre le transport de camions et semi-remorques sur des trains spécialement équipés.
Depuis 15 ans, pas un mois ne passe en Italie sans une initiative de protestation – parfois violente – contre ce chantier pharaonique. La dernière manifestation No Tav, nom du mouvement populaire du Val de Suse, opposé au projet de TGV Lyon-Turin (257 km) remonte au 21 février, à Turin. Écologistes, simples familles et Maires de cette vallée alpine, située à l'ouest de Turin dans le Piémont, ne sont pas près de se résigner. De nouvelles manifestations, dans le nord de l'Italie, sont prévues dès samedi prochain.