Les maladies de la France et les remèdes d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, a dévoilé mercredi une partie de son projet de loi « pour libérer l'activité ». Il souhaite réformer les professions réglementées, assouplir les règles du travail dominical, ou encore libéraliser le transport en autocar. Pour le ministre de l'Economie, la France souffre d'un blocage lié à « la défiance, la complexité et les corporatismes ». 

Emmanuel Macron justifie ces mesures par le fait que la France souffre de trois maladies, « la défiance, la complexité et les corporatismes ». Des maux qu'il faut éradiquer pour relancer la croissance en France. Emmanuel Macron propose toute une série de mesures, et n'hésite pas à s'attaquer à des dossiers chauds comme l'ouverture des magasins le dimanche. Alors que la justice a très récemment donné raison aux syndicats dans la bataille qui les opposait à des enseignes de bricolage, leur interdisant l'ouverture dominicale systématique, le ministre rouvre la boîte de Pandore, au risque de rallumer la mèche, même si cette mesure sera très encadrée. Les magasins non alimentaires pourraient, dans certaines zones, ouvrir de 5 à 12 dimanches par an, sans avoir à demander d' autorisation préalable. Le maire aurait les pleins pouvoirs d' en décider.

Ouvrir les professions réglementées...

Autre proposition : modifier le fonctionnement des professions réglementées. Sont concernés, entre autres, les notaires, les avocats, les huissiers, les pharmaciens, les dentistes. Le ministre veut faciliter l'installation des jeunes et revoir certains tarifs qu'il juge trop élevé même s'il n'est pas question de toucher à leur monopole. Par ailleurs, le texte prévoit l'autorisation pour les pharmacies et les professionnels du droit à ouvrir le capital de leurs sociétés, mais uniquement à d'autres membres de leur profession. Une autre piste : celle du transport. Après s'être cassé les dents sur la réforme des taxis, le gouvernement propose de libérer le transport en autocar afin de baisser le prix des trajets, ou encore de mettre à contribution les sociétés d'autoroute dont les profits sont importants. Il souhaite également un meilleur contrôle des tarifs des péages, comme l'avait recommandé l'Autorité de la concurrence qui avait dénoncé, il y a un mois, « une rentabilité exceptionnelle » des sociétés privées en charge des autoroutes.

Cessions de participations

Le ministre de l'Economie a également annoncé que l'Etat allait céder une partie de ses participation d'ici 2016. L'Etat a besoin d'argent, Emmanuel Macron a annoncé la cession d'actifs entre 5 et 10 milliards d'euros. Il reste dans la ligne de Michel Sapin qui avait déjà annoncé au début du mois la décision de l'Etat de céder plus que les 4 milliards d'euros inscrits dans le projet de budget 2015. Actuellement, l'Etat possède 110 milliards d'euros de participations dans 74 sociétés, mais pour le moment Emmanuel Macron a refusé de donner des noms, il a juste exclu la privatisation de l'opérateur Orange et du groupe EDF. Selon le ministre, cette stratégie de désengagement de l'Etat dans certains groupes lui permettra de relancer l'investissement.

Faire bouger les mentalités françaises

Emmanuel Macron s'est inspiré des mesures de son prédécesseur Arnaud Montebourg qui pourtant avait soulevé de vives réactions. Mais le discours a changé, Emmanuel Macron ne tape pas sur les privilégiés, il met en avant les difficultés de la zone euro et plus particulièrement celles de la France. Il est peu probable que ces mesures amènent un choc de croissance en 2015, mais elles peuvent faire bouger les mentalités. Et puis surtout elles arrivent au moment même où Bruxelles s'inquiète du dérapage budgétaire du pays. De quoi donc rassurer nos partenaires européens. Dans un mois, Emmanuel Macron dévoilera l'intégralité de son projet de loi sur l'activité, qui sera examiné par les députés dès le mois de janvier.

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