Le tourisme fait partie intégrante de l’économie mondiale. Aux côtés des destinations traditionnelles, de nouveaux pays commencent à émerger et prétendent à leur part de gâteau. Mais la donne est en train de changer avec les différents points de crispation à travers le monde.
Le Maghreb très dépendant du tourisme
Au lendemain des révolutions arabes, les touristes ont déserté la Tunisie, l’Egypte et la Libye. Aujourd’hui, la crise continue. Pour ces pays, l’enjeu est de taille. Ils rivalisent d’initiatives pour faire revenir les voyageurs. Avant 2011, le tourisme était la locomotive de l’économie égyptienne. Le secteur générait 9,5 milliards d’euros de recettes annuelles, tout en employant 4 millions de personnes. Depuis, les revenus ont fondu de moitié et Louxor ressemble à une ville fantôme.
A la différence de l’Egypte, le tourisme tunisien reprend doucement des couleurs grâce notamment à la clientèle britannique, russe et allemande. Ce n’est pas encore le cas pour les Français qui continuent de bouder la Tunisie. Mais l'enlèvement et l'exécution du guide français Hervé Gourdel en Algérie rappellent que la menace jihadiste est bien réelle.
« Les derniers événements vont casser une dynamique de rebond qui commençait à s’opérer depuis quelques mois », prévoit Didier Arino, directeur de Protourisme, cabinet d’études et de conseil en tourisme. Le Maroc et la Tunisie, pays considérés par les Européens comme des destinations de proximité, risquent de perdre une partie de leur clientèle. « Cela va avoir un impact sur la haute saison touristique à partir du printemps 2015 si la situation ne se calme pas. Si les Français sont toujours mis à l’index par certains groupes extrémistes », ajoute-t-il.
Ebola fait fuir les voyageurs de l’Afrique
Si ce n’est pas la guerre ou l’instabilité politique qui font fuir les voyageurs, c’est la psychose. C’est le cas avec le virus d'Ebola qui frappe durement le tourisme d'affaires en Afrique. Malgré le fait que l’épidémie ait été détectée essentiellement au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone, c’est-à-dire dans les régions où le tourisme de loisirs est encore au stade de découverte, c’est l’ensemble de l’Afrique qui pourrait être touché par la peur du virus.
Didier Arino rappelle que « la plupart des ressortissants des pays occidentaux hésitent à aller dans ces pays, tout comme un certain nombre de clients africains ». Les conséquences de cet état d’esprit sont encore difficiles à quantifier. La psychose gagne aussi l’Afrique francophone, beaucoup plus touristique, celle-ci. Les pays qui ne sont absolument pas concernés par Ebola, comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, pourrait en faire les frais. « Pour ceux dont l’économie dépend fortement de l’activité touristique, cela va être une vraie difficulté », conclut le directeur de Protourisme.
La Syrie à l’arrêt, la Jordanie en baisse
Aussi, les pays voisins deviennent des victimes collatérales des zones à risque. C'est le cas notamment au Proche et au Moyen-Orient. En Jordanie, les chiffres de la fréquentation touristique sont en chute libre depuis le début du conflit syrien en mars 2011. En Turquie, en revanche, ce sont les manifestations anti-gouvernementales de juin qui ont fortement pesé sur l'industrie touristique. Une baisse visiblement passagère, que la Turquie s’empresse d’effacer par une offensive de charme sur l’attractivité du pays, en baissant les tarifs hôteliers ou en mettant en avant les infrastructures de l’Anatolie.
La Birmanie et le Laos, les nouveaux venus
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Certains pays d'Asie du Sud-Est tirent leur épingle du jeu. La Birmanie et le Laos sont devenus ces nouvelles destinations touristiques. Leur croissance économique doit beaucoup à l'afflux spectaculaire des voyageurs. Ces pays comptent d’abord sur le tourisme de proximité, notamment sur les visiteurs venant de la région du Pacifique avec, en premier lieu, la clientèle chinoise. D’autres destinations se dévoilent petit à petit. Lombok, une île volcanique d’Indonésie commence à concurrencer sa sœur, l’île de Bali, aux côtés de pays voisins, les Philippines et la Malaisie.