La clef d'une croissance économique forte et de la réduction des inégalités, ce n'est pas la flexibilité, bien au contraire. La clef, c'est d'avoir un emploi de qualité, c'est-à-dire formel, déclaré, rémunéré comme tel, et une meilleure protection sociale. C’est ce que pointe l'Organisation internationale du travail (OIT) dans son rapport en s'appuyant sur des études réalisées dans plusieurs pays du monde.
En Afrique, au Sénégal, par exemple, la croissance s'est amplifiée grâce à la priorité accordée à la qualité de l'emploi. Le nombre de travailleurs salariés a été multiplié par deux en 30 ans, et, concomitamment, la productivité ne cesse d’augmenter - plus un demi-point chaque année - et la pauvreté ne cesse de reculer.
La crise bouleverse les schémas de pensées : les pays émergents et en développement ont finalement mieux résisté que les pays développés, parce que moins exposés, évidemment, mais aussi, parce que dans ces pays les règles ont changé. Meilleure éducation, meilleure protection sociale, plus de règles pour moins de précarité même si le chemin est encore bien long. Le signe assez révélateur de cette mutation, c'est un début d'inversion des flux migratoires. Les migrants du Sud ne partent plus systématiquement vers le Nord. Depuis la crise, ils sont de plus en plus nombreux à émigrer du Sud vers le Sud, et même des pays développés du Nord vers le Sud.