Evasion fiscale, guerre des monnaies: le G20 Finances se mobilise

C’est ce jeudi 18 avril 2013 que se retrouvent à Washington les grands argentiers du G20, ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales. Au menu de ce sommet qui dure deux jours : la lutte contre les paradis fiscaux et les risques liés aux assouplissements monétaires.

Première ambition de ce G20 Finances : avancer sur le dossier sensible de la lutte contre les paradis fiscaux. Cinq poids lourds européens, la France, l’Allemagne, le Royaume Uni, l’Italie et l’Espagne, sont déterminés à lever le secret bancaire dans l’Union européenne, pour combattre l’évasion fiscale et éliminer les paradis fiscaux. Ces pays veulent, notamment, avancer sur l’échange automatique d’informations bancaires à travers l’Europe, sur le modèle américain.

Des échanges qui se font, à l’heure actuelle, à la demande, et uniquement en réponse à une requête officielle, ce qui est jugé largement insuffisant par certains Etats et les ONG, engagés dans la lutte contre les paradis fiscaux. L’OCDE doit, ce vendredi, présenter au G20, un rapport préconisant de faire de cet échange automatique d’informations, le nouveau standard mondial, pour améliorer la transparence financière. Les Etats-Unis et plusieurs grands pays européens y sont favorables.

Rigueur ou croissance

Les grands argentiers vont également débattre de la crise en Europe, et les moyens d’y remédier. Avec le retour de la récession un peu partout en Europe, bon nombre de voix s’élèvent pour réclamer une relance de la croissance. Car la rigueur budgétaire ne peut créer de la croissance. Pour le ministre australien des Finances, l’austérité que prônent les Européens est « stupide ». Les Etats-Unis, eux aussi, dénoncent cette stratégie économique.

Le G20 n’en doit pas moins confirmer les objectifs de réduction de moitié des déficits publics fixés en 2010 au sommet de Tokyo, pour l’horizon 2013. Certains préconisent de fixer à 90% du produit intérieur brut, le niveau souhaitable de la dette d’un pays. Mais les Européens y sont réticents. Ils souhaitent que leur norme de 60% soit adoptée au niveau mondial.

Un afflux de capitaux très risqué

Au menu, également, de ce sommet : un autre dossier épineux, celui des taux de change. Les récentes politiques d’assouplissements monétaires au Japon et aux Etats-Unis ont ravivé les craintes d'une guerre des monnaies, entre grandes puissances. Des politiques monétaires adoptées par les pays développés pour faire face à la crise et rendre leurs produits plus compétitifs à l'export, mais qui ont, pour conséquence, le déversement de milliards de dollars sur les marchés.

Ces politiques monétaires ont également des répercussions négatives pour un bon nombre de pays émergents qui doivent faire face à un afflux de capitaux. « Un certain nombre de pays émergents, et en particulier en Amérique latine, considèrent qu’ils portent assez largement le coût de la politique monétaire américaine. Car cette abondance de liquidés sur le marché se traduit par une tendance haussière de leurs propres devises », explique l'économiste Jean-Louis Martin, responsable du secteur des pays émergents au Crédit Agricole.

Et d’ajouter : « Le real brésilien, même s’il a subi une forte correction l’année dernière, reste fort. On a le même problème en Colombie, au Pérou, au Chili ou avec le peso mexicain. Cela se traduit, pour tous ces pays, par une perte de compétitivité, très sensible dans le secteur industriel. Certains secteurs agro-industriels sont également affectés. C’est le cas notamment le secteur cafetier en Colombie ».

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