Chypre : inquiétude autour de la taxe sur les dépôts bancaires

C'est finalement ce mardi 19 mars 2013, en fin d'après-midi, que le Parlement chypriote se prononcera sur le plan de sauvetage financier du pays. Un plan qui prévoit une taxation exceptionnelle de l'épargne en échange d'un prêt de 10 milliards d'euros.

Fortes baisses à Tokyo, Milan, Francfort, Paris et Londres. Les places boursières ont mal réagi à l’annonce de la taxe sur l’épargne des Chypriotes. Des marchés qui sont, aujourd’hui, suspendus à la décision du Parlement chypriote. Repoussé déjà deux fois, le débat parlementaire est désormais fixé à mardi 19 mars 2013. Ce projet prévoit une aide de dix milliards d'euros en contrepartie de la mise en place d'une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires. Une taxe de 6,75% sur tous les dépôts bancaires en dessous de 100 000 euros et de 9,9% au-delà, ce qui devrait rapporter près de six milliards d'euros à l'Etat.

Les partis de l’opposition ont annoncé qu’ils rejetteraient le plan d’aide en l’état. Des négociations sont en cours pour le réviser, la Banque centrale européenne vient d'ouvrir la porte à des assouplissements. Dans le détail, il s'agirait d'introduire trois tranches, concernant les dépôts en dessous de 100 000 euros, entre 100 000 et 500 000 euros et au-dessus de 500 000 euros, et d'appliquer des taux différents à chaque fois.

Un précédent dangereux

Cette mesure est interprétée par les marchés comme un dangereux précédent, comme l’explique l’économiste Bruno Colmant, consultant pour le cabinet Roland Berger Stratégie : « C’est une erreur magistrale, on ne règle pas un problème de dette souveraine en faisant peur aux épargnants. Les Anglais et les Russes qui possèdent des comptes à Chypre vont en pâtir. On risque d’assister à des transferts de capitaux. Cette décision va pousser les épargnants à déplacer leur épargne vers des pays du Nord plus sûrs, comme notamment l’Allemagne. »

Le gouvernement britannique a aussitôt dénoncé ce projet. De son côté, le président russe a jugé « injuste et dangereuse » cette taxe sur les dépôts bancaires chypriotes. Et pour cause, les investisseurs russes sont omniprésents à Nicosie et les sommes en jeu sont colossales. Les deux pays entretiennent des liens étroits depuis des décennies. La plupart des grandes entreprises russes ont, ainsi, établi leurs holdings dans l’île, qui est peu regardante sur l’origine des fonds déposés par les nouveaux milliardaires russes.

Des répercussions sur les banques de la zone euro

Après l’Irlande, la Grèce, le Portugal et le secteur bancaire espagnol, Chypre est donc le cinquième pays de la zone euro à bénéficier d’un programme d’aide internationale. Reste que cette décision de taxer tous les dépôts bancaires va mettre l’ensemble des banques de la zone euro sous pression. Les pays de l’Europe du Sud, notamment la Grèce et l’Espagne, sont davantage sur la sellette, fragilisés par la situation de leurs finances publiques et par la vulnérabilité de leur système bancaire.

Dans l’immédiat, les distributeurs automatiques de l’île chypriote ont connu une fréquentation inédite pendant tout le week-end. Ce lundi, la Banque centrale a annoncé qu’ils étaient en cours de réapprovisionnement. Les banques chypriotes pourraient rester fermées encore plusieurs jours, pour éviter une ruée aux guichets.

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