2012 - La contre-attaque de Boeing
L’A380 a désormais un concurrent de taille, le Boeing 747-8 Intercontinental, l’appareil entre progressivement en service. Il s’agit d'une version rallongée du « Jumbo » américain. La compagnie allemande Lufthansa qui vient de recevoir son premier 747-8, devrait le lancer prochainement sur la ligne Francfort-Washington. Autre réponse de Boeing à la concurrence européenne : le B737 baptisé 737 Max. L’avion est destiné à suivre la voie ouverte par l’A320 Néo, le futur moyen-courrier plus économique.
« Dans le domaine des avions monocouloir, nous avons choisi de modifier un avion existant, et dans le segment des gros porteurs, nous avons pensé qu’il n’était pas nécessaire de concevoir un avion totalement nouveau, donc nous avons pris l’actuel 747 et nous avons trouvé les moyens de le rendre meilleur. En réalité le 747-8 est légèrement plus petit que l’A380, donc certains clients comme Lufthansa ou Korean Air utiliseront les deux, de manière combinée alors que d’autres feront le choix d’une flotte unique », explique le directeur marketing du 737 Max, Randy Tinseth.
Bon début d’année pour l’industriel américain
A cinq semaines du salon aéronautique de Farnborough en Grande-Bretagne, le constructeur de Seattle fait la course en tête. « En termes de prises de commandes, c’est l’inverse de 2011 : Airbus est à la peine, avec une centaine de commandes, alors que Boeing est déjà à un peu plus de 400 prises de commandes, sur le 747 on assiste au premières livraisons, mais en termes commercial le décollage est un peu difficile, donc le constructeur américain va profiter des problèmes d’Airbus avec les fameuses fissures découvertes sur l’A380… Sur son programme Max, Boeing est parti un peu en retard, mais il pourrait y avoir rapidement des commandes de quelques centaines d’avions, surtout de la part de compagnies aériennes nord-américaines, et ainsi un rattrapage par rapport à Airbus et son Néo », indique Yan Derocles, analyste financier chez Oddo Securities.
Le « Max » pointe son nez
A320 Néo chez Airbus, 737 Max chez Boeing, la méthode est comparable : il s’agit d’installer un nouveau moteur sur un avion déja existant pour réduire la consommation de carburant. D’ailleurs les deux constructeurs ont choisi deux versions légèrement différentes d’un même moteur : le LEAP-1B du consortium franco-américaine CFM. Randy Tinseth précise que le Max permettra d’obtenir une économie de 13% en termes de consommation « cela représente un gain de 6 à 7 millions pour nos clients », souligne le directeur marketing du programme 737 Max qui précise que « le réacteur a dû être déplacé vers l’avant et vers le haut de la voilure, le train d’atterrissage légèrement modifié, l’arrière du fuselage affiné pour réduire la résistance à l’air, et que de nouveaux ailerons en bout d’ailes , "winglets", sont prévus permettant d’obtenir une économie de consommation de l’ordre de 1,5%. »
Marché bien réel, pour avions virtuels
Les deux rivaux comparent déjà les performances de leur avions, mais aucun des deux appareils n’a encore pris l’air ! Sur le « poulain » d’Airbus, certains éléments aérodynamiques (Sharklets) ont déjà été testés en vol, dès 2011, mais dans le cas du 737 Max, la configuration définitive de l’avion n’a pas été « gelée ».
Le dessin définitif ne sera pas dévoilé avant 2013. Boeing n’a pas souhaité communiquer sur les coûts de développement de l’ultime version de son 737, un avion dont les premiers coups de crayons ont été donnés au début des années 60... Si tout se passe bien, le premier vol est programmé pour 2016 et les premières livraisons en 2017. Ce n’est pas encore pour demain, mais les carnets de commandes (fermes et options) des deux avions donnent déjà le vertige : plus de 1200 Néo pour Airbus et un millier de Max pour Boeing !
Le constat est simple : le segment de marché des moyens-courriers monocouloir sur lequel les deux avions vont s'affronter représente plus de la moitié des avions de ligne en service dans le monde…