Les constructeurs nationaux auront de nombreuses raisons de faire la fête au salon de Detroit. Ils anticipent en moyenne des ventes de près de 80 millions de véhicules en 2012 dans le monde entier et de 14 millions aux Etats-Unis. Les « Big Three » (General Motors, Ford et Chrysler) ont également terminé l’année 2011 sur une nette hausse des ventes. C’est Chrysler, contrôlé par l’Italien Fiat, qui réalise les meilleures performances avec une envolée de ses ventes de 26%. Le numéro un General Motors a vu ses ventes progresser de 13% et Ford de 11%.
Globalement, le marché de l'automobile américain a augmenté de 10% à 12,8 millions de véhicules vendus en 2011. Loin des 10 millions de voitures vendues en 2009. Contre toute attente, ce sont les grosses voitures et notamment les gros 4X4 qui tirent le marché américain. Les constructeurs ont également profité du séisme au Japon qui a handicapé les industriels nippons. Bons résultats également du côté des pays émergents, comme le montrent les chiffres en Argentine avec une hausse de 15% des ventes en 2011, et au Brésil : plus 3%. La Russie enregistre un bond de 37% des ventes.
Les Français pessimistes pour 2012
L’année 2011 a vu également émerger une Europe à deux vitesses, marquée par un effondrement des ventes dans les pays du Sud touchés par la crise, avec une baisse de 30% en Grèce, de 11% en Italie et de 18% en Espagne et une nette progression dans les pays d’Europe de l’Est et les pays nordiques. Les deux grandes économies de la zone euro sont représentatives de cette Europe à deux vitesses.
Sur fond de croissance vigoureuse et de rebond de la consommation, le marché allemand a ignoré la crise avec une hausse de 8,8%. Il s’est vendu 3,17 millions de véhicules en 2011. En France, l’embellie n’est pas au rendez-vous, 2, 2 millions de voitures ont été vendues en 2011. C'est 2% de moins qu'en 2010 mais les constructeurs automobiles s'attendaient à pire avec la disparition de la prime à la casse. Une tendance à la baisse qui devrait se poursuivre en 2012, en raison de l’importance de la crise en zone euro.
Des développements du côté des émergents
Pour certains analystes, « le marché automobile français pourrait chuter de 5% ou plus », si la France et l’Allemagne n’arrivent pas à se mettre d’accord sur un sauvetage de la zone euro. Pour faire face à cette baisse du marché, les deux grands constructeurs français, PSA et Renault, ont programmé des arrêts de production temporaires sur certains sites et mis en place des mesures de chômage partiel.
Mais la crise dans la zone euro n’est pas la seule explication à cette atonie du marché. Depuis près de cinq ans, l’industrie automobile française est en déclin sous l’effet des délocalisions. Les constructeurs ont ainsi augmenté la part des pièces fabriquées dans les pays à bas coût. Dans le même temps, les constructeurs français poursuivent leur stratégie de redéploiement vers les pays émergents où le marché automobile est en plein essor.
Les groupes français cherchent notamment des développements du côté de la Chine, du Brésil et de l’Inde, à tel point qu’ils ont délocalisé une partie de leur secteur recherche et développement dans les pays émergents. Ils sont également très présents au salon de New Delhi, qui s’est tenu début janvier pour y présenter plusieurs modèles.
Renault décline à cette occasion la Pulse, puis le Duster de Dacia et compte ultérieurement développer en Inde un modèle moins cher que la Pulse destiné aux marchés émergents. PSA Peugeot Citroën s’est aussi lancé dans le pays avec un investissement de 650 millions d’euros dans une nouvelle usine pour y assembler sa grande berline 508.