Le Portugal, désavoué par la rue et par l'agence de notation Fitch

Au Portugal, la grève générale convoquée jeudi 24 novembre 2011 par les deux principales centrales syndicales du pays, a été bien suivie. Des manifestations ont été organisées dans une trentaine de villes pour dénoncer les mesures d'austérité que le gouvernement s'est engagé à mettre en œuvre en échange d'une assistance financière. Des mesures jugées visiblement insuffisantes puisque l'agence Fitch a décidé de dégrader une nouvelle fois la notation du Portugal.

Les syndicats sont satisfaits de la grève générale. Elle a permis de mobiliser au-delà des espérances. Le gouvernement a estimé que l’adhésion dans l’administration publique n’a pas dépassé les 10%. Un chiffre jugé ridicule par la Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP) et l’Union générale des travailleurs (UGT) qui se sont engagés sur un terrain politique, estimant que c’est la démocratie qui est en péril si le gouvernement de droite s’il persiste sur la voie de l’austérité totale.

Plusieurs incidents ont émaillé la journée. A Lisbonne des « indignés » et les forces de l’ordre se sont affrontés devant le Parlement. Sept personnes ont été arrêtées. Les syndicats qui espéraient obtenir du gouvernement un assouplissement des mesures d’austérité prévues dans le budget de 2012 vont devoir renoncer. Car c’est précisément le jour de la grève générale que l’agence de notation Fitch a décidé de classer le Portugal dans la zone des pays peu fiables du point des vues des investissements.

L'agence Fitch abaisse la note du Portugal

C'est une mauvaise nouvelle pour le Portugal qui va sans doute devoir prendre de nouvelles mesures d’austérité. Au risque de l’impopularité et d’une nouvelle mobilisation syndicale.

Le Portugal est désormais classé dans la catégorie des émetteurs à risque. Fitch justifie sa décision en raison des déséquilibres budgétaires trop importants et du niveau élevé de l'endettement, aucun secteur n'étant épargné.

Et même si l'agence salue les réformes structurelles engagées par le pays qui devrait le rendre plus compétitif à long terme, elle s'inquiète des perspectives de l'économie pour 2012 qui devrait enregistrer une contraction de 3% du PIB.

Sans compter que la crise en zone euro, qui menace désormais les pays les plus solides de l'union monétaire, pourraient avoir des conséquences significatives sur le système bancaire portugais qui n'a plus accès au marché interbancaire pour se financer.

Cette dégradation de la notation du Portugal intervient alors que le gouvernement s'apprête à faire adopter au Parlement un budget d'une rigueur sans précédent. Parmi les mesures prévues, il y a notamment la suppression des 13 et 14e mois de salaires des fonctionnaires ainsi qu’une augmentation de la TVA et des prix dans les transports.
 

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