C’est la troisième fois que Steve Jobs est dans l’obligation d’abandonner les commandes de son groupe pour des problèmes de santé. Sa première absence date de 2004 pour une opération du cancer du pancréas. Ensuite, en 2009, il a quitté ses fonctions pendant six mois pour une greffe du foie. Cette fois, peu de détails sur les raisons de ce congé maladie dont la durée est indéterminée. Steve Jobs n’a donné aucune précision sur sa santé et a demandé que l’on respecte sa vie privée.
Ces dernières semaines, les rumeurs d’un départ de celui qui a fondé l’entreprise il y a plus de trente ans se sont multipliées. Sa dernière grande apparition publique date d’un peu moins d'un an, le 27 janvier 2010. Il était venu avec son éternel jean élimé et son col roulé noir, présenter sa dernière innovation : l'Ipad, la première tablette numérique. Déjà à l'époque il était apparu très affaibli, les traits émaciés.
300 milliards de dollars
Son absence devrait inquiéter les actionnaires. Lors de la dernière assemblée générale, certains ont critiqué le manque de transparence du groupe face à aux problèmes de santé du patron. Car l’avenir d’Apple est étroitement lié à son PDG, véritable superstar dans le monde de la high-tech. Steve Jobs y est pour beaucoup dans la valorisation de l’entreprise qui pèse aujourd’hui près de 300 milliards de dollars. Un sacré tour de force lorsque l'on sait que jusqu'à la fin des années 2000, Microsoft, le groupe de Bill Gates, a régné sans partage sur le secteur.
Apple est, en effet, aujourd’hui la première capitalisation boursière dans le domaine des technologies comme l'explique Mathieu Lecomte, auteur d'une étude sur Apple pour le cabinet FaberNovel : « La firme de Cuppertino est sur tous les fronts. Sur le hardware, les ventes d’ordinateurs personnels ont explosé l’an dernier. Sur la téléphonie, Apple avec le iPhone a dépassé le leader Nokia et sur les tablettes numériques, les résultats sont supérieurs à toutes les prévisions ».
Steve Jobs, un visionnaire
Le départ du patron d’Apple a, semble-t-il, été minutieusement préparé, puisque l’annonce a été rendue publique un jour férié, le Martin Luther King Day, et elle a surtout été précédée de la publication d'excellents résultats qui montrent une hausse de 78% du bénéfice net, à 6 milliards de dollars. Des bons résultats dus aux succès de l’iPhone, le téléphone multimédia et de l’iPad, la tablette numérique.
C’est pourquoi, pour ne pas affoler les marchés, la communication sur l’absence du patron d’Apple a été gérée avec beaucoup de précautions. Car aux yeux des investisseurs, l'homme et le groupe qu'il a créé ne font qu'un. Daniel Ichbiah prépare une biographie Les quatre vies de Steve Jobs, à paraitre dans quelques semaines aux éditions Leduc. Il nous décrit Steve Jobs : « C’est un visionnaire. Un homme avec un fort caractère probablement unique chez les chefs d’entreprises que l’on retrouve chez certains artistes comme Picasso ou Bob Dylan. Steve Jobs reste le stratège du groupe, il ne délègue rien. Un véritable meneur. A partir du moment où il a une idée comme, celle par exemple de l’iPhone, il insuffle de l’énergie à ses troupes, il les malmène mais au bout, il leur fait réaliser de grandes choses ».
Une équipe aux commandes d’Apple
Steve Jobs a abandonné les rênes d'Apple lundi pour une durée indéterminée. Cela ne va-t-il pas peser sur l'avenir de la firme à la pomme ? Pas dans l'immédiat dans la mesure où Apple possède encore une certaine avance technologique sur ses concurrents comme l'explique Xavier Paulik, le directeur de la société Tikylabs, une startup spécialisée dans le développement des usages pour les smartphones et les tablettes : « l’iPad 2 est attendu entre février et avril. L’iPhone 5 pourrait être prêt en juin. A l’automne, on attend le nouveau système d’exploitation pour le Mac baptisé Lion ».
Mais, à plus long terme, Steve Jobs a-t-il préparé sa succession ? Il semble que oui. Pendant ses deux premiers congés maladie, c’est Tim Cook, le directeur général du groupe, qui a assuré l’essentiel de l’intérim, secondé par Jonathan Ive, le designer en chef qui a dessiné l’iMac, l’iPhone et l’iPad. Reste que Tim Cook n’a pas à lui seul la capacité de Jobs d'incarner la firme à la pomme. Il est donc probable que l’avenir du groupe dépendra de toute une équipe, et non plus d’un seul homme.