Le G20, qui représente 90% de l’économie mondiale, n’aura finalement accouché que d’une souris. Une déclaration de bonnes intentions qui repousse à plus tard la résolution de problèmes pourtant cruciaux. Par exemple, sur la question des taux de change qui introduisent des distorsions de concurrences dans le commerce mondial, les pays membres du G20 se sont engagés à « éviter toute dévaluation compétitive » et aussi à « évoluer vers des systèmes de changes davantage dictés par le marché ».
Sur ce sujet très sensible, le sommet du G20 ne va pas plus loin que les ministres des Finances qui avaient décrété une trêve sur la guerre des changes le mois derniers à Séoul. Cet engagement du G20 Finances n’a, en effet, pas empêché la décision, la semaine dernière, de la Réserve fédérale d’injecter 600 milliards de dollars pour tenter de relancer l’économie américaine. Cette mesure de la FED, qui a été à l’origine des tensions de ces derniers jours entre Washington et Pékin, a été vivement critiquée par les partenaires de Washington au sein du G20.
Deux accords entérinés
Sur la question du développement, la déclaration adoptée à Séoul s’est également bornée à des déclarations de principe. Le G20 souhaite, en effet, renforcer les infrastructures des pays en développement et mieux assurer leur sécurité alimentaire. « La prospérité, pour être durable, doit être partagée », clame très solennellement le document final qui appelle notamment à « un plus grand engagement du secteur ». Mais aucun plan d’action concret, ni aucun objectif chiffré n’a été adopté.
Les dirigeants du G20 ont, par ailleurs, entériné deux accords importants concernant le système financier et le Fonds monétaire international (FMI). Le premier accord porte sur la réglementation bancaire dite de « Bâle III » qui durcit les normes de fonds des banques augmentés pour rendre les établissements financiers plus solides en cas de crise. Le deuxième concerne les droits de vote au FMI qui donne un poids accru aux économies émergentes à croissance rapide, comme la Chine.
Et pourtant, les spécialistes s’accordent à dire que l’on ne peut pas vraiment parler d’échec pour ce sommet de Séoul. Les dossiers qui fâchent sont désormais sur la table, et le temps où les pays se contentaient de se renvoyer la responsabilité des grands déséquilibres commerciaux semble aujourd’hui révolu. Les pays riches et les grandes nations émergentes ont compris la nécessité de travailler ensemble sur de nombreux sujets : la coordination des plans de relance, le refus du protectionnisme…
La France à la tête du G20
Au moment où il prend pour un an les rênes de la présidence du G20, le chef de l’Etat français a confirmé son intention d’agir avec « un sens collectif », en associant « le maximum de pays aux grands chantiers qu’il entend ouvrir ». Pour Nicolas Sarkozy, sur des sujets aussi complexes et aussi sensibles que les monnaies ou les déséquilibres commerciaux, la présidence française n’imposera aucune décision. Elle souhaite, en effet, travailler sereinement avec ses partenaires du G20.
Trois gros chantiers sont au programme de la présidence française, la réforme du système monétaire international, chère à Nicolas Sarkozy, la lutte contre la volatilité du prix des matières premières, à l’origine des émeutes de la faim en 2008, et enfin la réforme de la gouvernance mondiale. Le président français souhaite notamment que le Conseil de sécurité des Nations unies soit élargi aux grands émergents, parmi lesquels des pays africains.