Plusieurs théories expliquent la monté du yen face au dollar et à l’euro : les inquiétantes prévisions de croissance économique en Europe et aux Etats-Unis ainsi que la perspective d’un ralentissement de la croissance chinoise, poussent les investisseurs à acheter le yen comme monnaie refuge. A cela s’ajoute le jeu des spéculateurs des marchés, qui parient sur la hausse de la monnaie nippone. Mais l’envolée du yen s'est aussi accélérée à la suite d'une intervention publique du ministre des Finances japonais, Yoshihiko Noda. Ce dernier a répété ce qu'il dit depuis deux semaines : « Nous suivons l'évolution des marchés avec une extrême vigilance ». Sans proposer aucune mesure concrète pour dévaluer la devise nipponne.
Autre facteur : la politique monétaire de la zone euro et des Etats-Unis. Selon les analystes, ces pays laissent leurs monnaies baisser pour doper leurs exportations. Alors que le Japon, deuxième économie du monde, peut difficilement intervenir unilatéralement pour faire baisser sa monnaie. En outre, le pays n’a pas beaucoup de marge de manœuvre, étant donné la santé de son économie qui souffre d’une faible croissance, de la déflation et de la dette. Cette dernière a même atteint 200% du PIB, faisant du Japon le pays développé le plus endetté au monde. Reste une solution : l'achat massif de dollars et la vente de yens par la Banque centrale japonaise, ce qui ferait remonter le cours du dollar et affaiblirait la monnaie nippone. Mais selon des spécialistes, le yen restera à un niveau élevé tant que les taux d'intérêt n'auront pas été relevés aux Etats-Unis.
Impact sur l’économie
L'envolée du yen est très mauvaise pour l’économie japonaise. Car le yen fort pénalise les entreprises japonaises traditionnellement tournées vers l’exportation. La cherté de la devise japonaise agit donc négativement sur les titres des entreprises nippones exportatrices cotées à la Bourse de Tokyo. L’envolée du yen a fait chuter, mardi 24 août, la Bourse de Tokyo sous les 9 000 points en clôture, son plus bas niveau depuis mai 2009. La hausse du yen incite en outre ces entreprises à délocaliser leur production à l'étranger. Cela fait mécaniquement baisser les prix des produits, au risque d'amplifier la déflation dont souffre le Japon actuellement.