Ce n’est pas vraiment une surprise. Avec neuf nominations, Birdman, du Mexicain Alejandro Inarritu, était le grand favori de ces 87e Oscars. Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original et meilleur directeur de la photographie, ce film noir qui raconte la reconversion d’un ex-acteur de film de super-héros au théâtre, a survolé la cérémonie. Son réalisateur, Alejandro Inarritu, en a profité pour adresser un message politique en rendant hommage aux Mexicains, et aux immigrés mexicains aux Etats-Unis
The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson, n’est pas non plus en reste, avec quatre statuettes dans sa besace lui aussi, dont celle de meilleure bande originale, grâce au Français Alexandre Desplat.
Ces Oscars 2015 ont aussi vu le sacre du Britannique Eddie Redmayne (meilleur acteur) pour son interprétation magistrale du cosmologue Stephen Hawking dans le film Theory of Everything (Une merveilleuse histoire du temps). Cette année, il avait déjà été primé aux Golden Globes américains, et aux Baftas Awards, dans son pays.
Côté actrice, c’est Julianne Moore qui a raflé la mise. Dans Still Alive, elle incarne magistralement une malade d’Alzheimer, mère de trois enfants, qui se bat contre la maladie.
Dans la catégorie second rôle, J.K Simmons a été justement récompensé pour son rôle du professeur de batterie tyrannique dans Whiplash et Patricia Arquette a décroché la statuette pour son interprétation d'une mère divorcée dans Boyhood et en a profité pour tenir un discours de remerciement très militant : « À toutes les femmes qui ont enfanté, à tous les contribuables et à tous les citoyens de ce pays, nous nous battons pour l'égalité des droits. Il est temps pour nous les femmes, d'obtenir l'égalité salariale et l'égalité des droits aux États-Unis». Un message féministe qui a enthousiasmé Meryl Streep et Jennifer Lopez, présentes dans la salle.
■ Un Français, parmi les lauréats : Alexandre Desplat
C’est pour la bande originale du film de Wes Anderson, The Grand Budapest Hotel, que ce Français de 53 ans a été récompensé. Compositeur préféré de Roman Polanski, de David Fincher, ou encore de Stephen Frears, Alexandre Desplat reçoit ses premiers trophées en France puis à Berlin. Un César et un Ours d’argent (en 2006) pour De battre mon cœur s’est arrêté, suivis en 2013 d’un nouveau César pour la bande originale de De rouille et d’os.
Né en 1961 d’un père français fan de la chanteuse égyptienne Oum Kalsoum et d’une mère grecque, Alexandre Desplat a baigné dès l’enfance dans un tourbillon musical, du jazz à la bossa nova en passant par les musiques grecques et arabes. Dans les années 1990 et 2000, il travaille avec une pléiade de cinéastes français, entre autres Xavier Giannolli, Marion Vernoux, Solveig Anspach, Patrice Leconte.
C’est en 2004 que sa carrière s’internationalise, lorsqu’il compose la musique de La jeune fille à la perle, de Peter Webber et surtout de Birth, de Jonathan Glazer qui lui vaut de multiples propositions outre-Atlantique. Dès lors les projets d’envergure s’enchaînent, des Marches du pouvoir de George Clooney en passant par le dernier Harry Potter jusqu’au Grand Budapest Hotel de Wes Anderson pour qui il a su reconstituer brillamment l’univers musical et sonore de la « Mitteleuropa » (Europe centrale) de l’entre-deux-guerres.
■ Le palmarès de la 87e cérémonie des Oscars
Meilleur film : Birdman, d'Alejandro Gonzalez Inarritu
Meilleur acteur : Eddie Redmayne, dans Theory of Everything
Meilleure actrice : Julianne Moore, dans Still Alice
Meilleur réalisateur : Alejandro Gonzalez Inarritu, pour Birdman
Meilleur acteur dans un second rôle : J.K. Simmons, dans Whiplash
Meilleure actrice dans un second rôle : Patricia Arquette, dans Boyhood
Meilleur film en langue étrangère : Ida, de Pawel Pawlikowski (Pologne)
Meilleur scenario original : Alejandro Gonzalez Inarritu, Nicolas Giacobone, Alexander Dinelaris Jr. et Armando Bo, pour Birdman
Meilleur scenario d'adaptation : Graham Moore, The Imitation Game
Meilleur film d'animation : Big Hero 6 (Les nouveaux héros), Disney Animation
Meilleure bande originale : Alexandre Desplat, The Grand Budapest Hotel
Meilleure chanson originale : Glory, du film Selma, par Common et John Legend
Meilleurs décors : Adam Stockhausen et Anna Pinnock, The Grand Budapest Hotel
Meilleure photographie : Emmanuel Lubezki, Birdman
Meilleurs effets spéciaux : Interstellar, de Christopher Nolan
Meilleurs maquillages et coiffures : Frances Hannon et Mark Coulier, The Grand Budapest Hotel
Meilleurs costumes : Milena Canonero, The Grand Budapest Hotel
Meilleur court métrage : The Phone Call, de Mat Kirkby et James Lucas
Meilleur court métrage d'animation : Feast, de Patrick Osborne et Kristina Reed
Meilleur son : Craig Mann, Ben Wilkins et Thomas Curley, Whiplash
Meilleur montage son : Alan Robert Murray et Bub Asman, American Sniper
Meilleur long métrage documentaire : CitizenFour, de Laura Poitras, Mathilde Bonnefoy et Dirk Wilutzky
Meilleur court métrage documentaire : Crisis Hotline: Veterans Press 1, d'Ellen Goosenberg Kent et Dana Perry