« Tout arrive ! C’est adorable… » a dit un Jean-Paul Dubois ému lors de l’annonce du prix décerné par six voix contre quatre à Amélie Nothomb, autrice de Soif.
Plus qu’un roman, c’est un manifeste littéraire contre toutes les formes d’injustice que l’académie Goncourt a couronné. Incarcéré dans une cellule de six mètres carrés, Paul, le protagoniste du livre, nous partage en huis clos les souvenirs de sa vie avant, jusqu’au jour où tout s’écroule.
Avec Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon (éditons L’Olivier), Jean-Paul Dubois nous permet d’entrer dans la vie et les révoltes intérieures d’un régisseur incarcéré pour deux ans dans la prison provinciale de Montréal. Par contraste par rapport à son codétenu, un Hells Angel condamné pour meurtre, les convictions, les états d’âme et les fragilités de Paul Hansen, 44 ans, se profilent lentement mais sûrement à l’horizon.
Apparaît alors son enfance heureuse à Toulouse, avec un père rigide, un pasteur d’origine danoise, et sa mère cinéphile et libertaire. On assiste à son exil forcé au Canada après le divorce de ses parents, son métier pendant 26 ans de superintendant dans la résidence L’Excelsior, la vie heureuse avec sa compagne Winona. C’est l’histoire d’une vie modeste et somme toute normale, jusqu’au moment où le sort s’abat sur lui et la porte de prison se ferme.
La soif pour la liberté et la justice
Un récit à la fois dramatique et élégant, tendre et trempé dans un humour acerbe et aigre-doux. Sur 256 pages, on reste en compagnie de Paul, son amour pour les gens ordinaires, sa soif pour la liberté et la justice, sa révolte contre l’humiliation d’une condamnation ressentie comme injuste.
Né à Toulouse en 1950, Jean-Paul Dubois a suivi des études de sociologie avant de se tourner d’abord vers le journalisme et puis la littérature. Fortement influencé par des écrivains américains comme John Updike et Philip Roth, il est aujourd’hui auteur de quinze romans publiés. L’ancien soixante-huitard et athéiste convaincu a percé auprès du grand public avec Kennedy et moi, lauréat du prix France Télévisions 1996 et adapté pour le cinéma par Sam Karmann, avant de conquérir la critique littéraire avec Une vie française, prix Femina 2004. Sensible aux rapports de force et aux pressions sociales, Dubois pose dans ses écrits souvent un regard averti et en même temps désabusé sur la société actuelle.