De notre envoyé spécial à Udine
Il ne faut guère se fier aux apparences. Sharifah Amani a 32 ans et mesure 1,60 mètre. Frêle d’allure, elle a toutefois su s’imposer à la télévision comme au cinéma. Fille d’actrice, elle a débuté sa carrière dès son enfance. Dans Motif, premier long métrage de sa compatriote Nadiah Hamzah, elle incarne Dewi, une officier de police envoyée de la capitale en province pour enquêter sur la disparition de la jeune fille d’une riche famille locale. À son arrivée, elle est accueillie avec méfiance par ses collègues hommes, qui n’apprécient pas non plus d’avoir, comme intrus dans leur petite communauté, une femme.
De la fiction à la réalité, il n’y a qu’un pas. L’occasion pour Sharifah Amani de nous parler de son travail en Malaisie, un pays mutlti-ethnique où environ 65% des 31 millions d’habitants sont musulmans. La comédienne s’évertue à donner une bonne image de la Malaisie. « Je ne veux pas que les gens aient peur de mon pays », souligne-t-elle. Entretien.
RFI : Qu'est-ce être actrice en Malaisie ?
Sharifah Amani : Personnellement, j’adore excercer mon métier d’actrice dans mon pays. J’aime le fait que nous puissions parler librement de tout et raconter, à travers le cinéma, nos propres histoires et de les partager ensuite avec le monde entier. Nous pouvons aborder tous les sujets délicats. Il importe de pouvoir présenter à notre société un miroir d’elle-même. Je suis heureuse d’être née dans un pays qui compte différentes religions, langues et cultures. Nous avons ainsi un concentré du monde dans notre pays et les histoires que nous racontons dans nos films sont fascinantes et colorées grâce à notre diversité.
À quels types de défis devez-vous faire face en tant qu’actrice en Malaisie ?
Les défis et les difficultés auxquels nous devons faire face en Malaisie sont les mêmes qu’ailleurs dans le monde. La misogynie est un problème global contre lequel les femmes luttent tous les jours, quel que soit le continent. Je pense que les femmes devraient jouer des rôles plus importants dans le domaine du cinéma. Il y a beaucoup de femmes exceptionnelles, elles constituent des modèles. Nous devons, dans nos films, parler d'elles et de leur parcours pour leur faire honneur.
Comment voyez-vous l'avenir des actrices en Malaisie ?
Je crois en un futur radieux et rempli d’espoirs pour les femmes dans le 7e Art. De plus en plus d’actrices, de réalisatrices, de productrices et de femmes scénaristes émergent chaque jour. Parmi les personnalités les plus éminentes dans le milieu du cinéma de notre pays, figurent quelques femmes. Cela est important dans la mesure où nous devons, dans nos fictions, relater des histoires de femmes en général et également des récits vus à travers les yeux des femmes. Les Malaisiennes sont douces mais aussi combatives. Nous espérons pouvoir briser les clichés et montrer au monde la beauté d’être Malaisiennes.
Le 21e Festival international du cinéma populaire asiatique d’Udine a lieu du 26 avril au 4 mai 2019.
▶ Pour en savoir plus : www.fareastfilm.com