Angélica Liddell, fille d'un militaire franquiste, a fait de la scène un lieu de résistance à toutes formes d'oppression. Dans cette nouvelle pièce subversive, elle dénonce la montée du puritanisme, mêlant une fois de plus des tableaux visuels aux mots. Auteure, metteure en scène, comédienne, performeuse, elle s'avance sur scène habillée d'une robe longue à crinoline.
Autour d'elle dix hommes, le corps recouvert d'une toge noire et coiffés de longs chapeaux coniques, semblent des figures de l'inquisition. Le chant du Kyrie eleison retentit. Des peintures classiques de la Madone et de l'enfant font leur apparition. Puis le mouvement se fait plus sauvage, les hommes sont nus sous leur robe dont ils se délestent. Ils bousculent les tables, grimpent dessus.
L’amour jusqu’à l’humiliation
Angélica Liddell se déplace entre eux, dit son texte comme autant de pamphlets sur l'amour, le désir, la désobéissance. Elle cite ses poètes torturés, Pasolini, Artaud, dénonce toute forme de morale liberticide, revendique l'amour jusqu'à l'humiliation.
Sur scène les corps ploient sous la passion, la souffrance, et s'en trouvent régénérés. Chez Angélica Liddell, le spectacle relève du rituel. Une cérémonie où elle inverse les règles sociales et fait du théâtre un art de transgression pour nous libérer de nos peurs profondes. C'est politiquement incorrect et jubilatoire.
► The Scarlet Letter, mise en scène d’Angélica Liddell au théâtre de la Colline, Paris, jusqu’au 26 janvier.