Avec notre correspondant en Irak, Noé Pignède
Autour de l’un des musiciens les plus célèbres d’Irak, vingt-cinq femmes jouent des percussions. Une heure de musique orientale, qui, pour Silva Albardaoui, sonne comme une révélation : « J’ai retrouvé confiance en moi grâce à ce concert, car nous avons offert quelque chose de très beau au public. J’ai l’impression d’être à nouveau quelqu’un dans ce monde. »
Son amie Lina Joseph est elle aussi très fière du travail accompli. Il y a encore quelques mois, cette ancienne comptable qui a fui la Syrie n’avait jamais joué d’un instrument : « C’est une expérience magnifique que nous vivons. Ça nous aide beaucoup, ça nous libère… On est arrivées ici comme réfugiées. C’est la première fois que je quittais mon pays. C’est la première fois qu’on me définissait comme "réfugiée", et ce terme est très dur à entendre. »
« Mais, avec ce genre d’initiative, continue-t-elle, je ne me sens plus réfugiée. Je me sens citoyenne du monde et je me sens femme de nouveau. Donc c’est très important pour nous toutes, ça nous rend plus fortes. »
Pour le maestro Karim Wasfi, connu pour jouer dans les rues des villes Irakiennes juste après les attentats, il s’agit avant tout de délivrer un message de tolérance : « Ce n’est pas qu’une histoire de réfugiés qui font de la musique, c’est une façon de dire : une personne qui joue, ne serait-ce qu’une seule note, devient aussi importante qu’un dirigeant ou qu’un général de l’armée pour maintenir la paix et améliorer les choses. »