De notre correspondant à Moscou,
Le film s'ouvre sur des images en noir et blanc... et sur la reconstitution d'un concert clandestin, à Leningrad, au tout début des années 1980. Leto retrace l'histoire de deux icônes de la scène rock, quelques années avant la fin de l'URSS, une période qui a marqué toute une génération.
« Dans les années 1980, j'étais trop petit, mais j'ai écouté le groupe Kino toute ma jeunesse, nous raconte Sergeï, venu avec sa femme à l'avant-première du film. Tous mes goûts musicaux viennent de là. Et puis, bien sûr, il y a toute cette liberté qu'ils incarnaient. Pour moi, ce film a aussi une grande importance de ce point de vue. »
Kirill Serebrennikov, l'une des figures de l'avant-garde culturelle en Russie
Pour de nombreux spectateurs, il fallait venir voir ce film également en soutien à son réalisateur. À leurs yeux, l'assignation à résidence de Kirill Serebrennikov est une injustice - une façon, disent-ils, de faire taire l'une des figures de l'avant-garde culturelle en Russie : « C'est vraiment très triste que nous ne puissions rien faire. La France, les États-Unis et les pays européens, tous ces pays ont dit qu'un réalisateur ne devait pas être mis assigné à résidence. Pour l'instant, tout ce combat n'a servi à rien, mais il faut continuer ! »
L'assignation à résidence de Kirill Serebrennikov a été prolongée jusqu'au 19 juillet. Le réalisateur et quatre de ses anciens collaborateurs encourent jusqu'à dix années de prison.
► À lire aussi : «Leto», un «Été» russe et rebelle de Kirill Serebrennikov, rfi, 11/5/2018