Il faut tendre l'oreille pour entendre cette semoule de blé qui s'écoule dans cinq sabliers de près d'un mètre de haut... Une œuvre de Mehdi Georges Lalou. Elle marque le temps qui passe entre les cinq prières de l'Islam.
Les gestes ancestraux
La vidéaste marocaine Ymane Fakhir a filmé les mains de sa grand-mère triant le blé, égrainant la semoule, brisant un pain de sucre, et l'artiste interroge : qu'adviendra-t-il de ces gestes ancestraux ? Plus loin, un triptyque de Zoulikha Bouabdellah. La photographe d'origine algérienne se présente avec une couscoussière lui cachant les oreilles, puis la bouche, puis les yeux. Elle aussi semble interroger le spectateur qu'elle regarde fixement : qui suis-je ? Mon identité se réduit-elle au couscous ?
Le potentiel plastique des graines
C'était l'idée de l'exposition Sacrées Graines : montrer qu'à travers ce grand classique de l'alimentation méditerranéenne, bien des sujets de fond peuvent être abordés. Parmi les 13 artistes rassemblés, certains exploitent aussi à merveille le potentiel plastique de ces graines, semoules, épices... Comme Laurent Mareschal qui signe un vaste carrelage fait de curcuma, gingembre, poivre blanc, zaatar et sumac, une œuvre éphémère dans les tons jaune, rouge, vert et crème.
► Sacrées Graines, exposition à l'Institut des Cultures d'Islam, à Paris, jusqu’au 15 janvier.