« Le monde est fait de fantômes. » Avec une installation intimiste, Kader Attia qui vit et travaille à Berlin, fait Réfléchir la mémoire d’une manière étonnante. Pour l’artiste, né en 1970 à Dugny de parents algériens, le 17 octobre 1961 est une date qui compte dans sa vie d’artiste : « à Paris, il y avait une manifestation d’Algériens pour leur indépendance. Ils ont été massacrés et jetés dans la Seine. Et le crime n’a jamais été vraiment reconnu par la République française ». Avec l’espace mental créé pour le Centre Pompidou, il ausculte le phénomène du membre fantôme suite à une amputation. Et il n’hésite pas à le transposer aussi sur le passé qui ne passe pas au sein d’une société : l’esclavage, le colonialisme, le communisme, le génocide…
L’artiste allemande Ulla von Brandenburg, née en 1972 à Karlsruhe et qui vit et travaille à Paris, nous fait marcher sur un escalier blanc, une sorte de petite pyramide profane, posée sur des couvertures en couleur et avec vue sur une projection vidéo. It Has a Golden Sun and an Elderly Grey Moon est une confrontation architecturale et artistique entre un espace donné et un rituel contemporain installé par la plasticienne (« à chacun de trouver son propre rituel »). Une immersion à la fois esthétique et sentimentale où chaque regard, chaque pas, chaque réflexion signifient la promesse d’une transformation.
Vaincre le virus est le plus grand souhait de Barthélémy Toguo. Pour cela, l’artiste, né en 1967 au Cameroun et qui vit et travaille entre Paris et Bandjoun, ne sollicite pas la frayeur et la distance, mais nous invite à nous approcher des terribles épidémies du sida et du virus Ebola. En discutant avec les experts de l’Institut Pasteur, il a isolé les formes des cellules infectées et les a transformées en figures esthétiques et colorées, fixées avec poésie et beauté sur des vases monumentaux et des dessins au mur.
Dans une sorte de cabane ethnologique et artistique, la Franco-Marocaine Yto Barrada s’approprie et met en scène d’une façon mystérieuse des Objets indociles (Supplément à la vie de Thérèse Rivière), des notes, des accessoires, des jouets, des clous, des tissus, mais aussi des objets de punition trouvés et catalogués par l’ethnologue Thérèse Rivière lors de sa mission en Algérie, pendant les années 1930. La magie s’entremêle avec la poésie, comme la sensibilité et la folie chez Thérèse Rivière, internée en hôpital psychiatrique.
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