«Persona», un parcours dans le monde de l’étrange

L’exposition au quai Branly réunit tout ce que l’homme a inventé comme créatures habitées à travers les siècles et les cultures : de l’accordéon divinatoire du Congo en passant par le support d’esprit russe ou les robots humanoïdes. Dès la première salle de « Persona, trangement humain », une question est posée aux visiteurs : « Y a-t-il quelqu'un ? »

Qui n'a jamais parlé à son ordinateur, sa voiture, son doudou ? Pourquoi et comment de tous temps et dans toutes les cultures les hommes ont- ils personnifié des objets? C'est ce processus qu'explore l'exposition Persona au musée du quai Branly à Paris en réunissant un large panorama de ce que l'homme a inventé comme créatures habitées. Le visiteur chemine dans la pénombre entre des figurines anthropomorphes mexicaines, des fétiches africains ou des robots humanoïdes.  

« Une intelligence sociale »

« Pourquoi personnifie-t-on des objets ? D’une certaine façon, j’aurais envie de vous dire tout simplement, parce que cela rend le monde plus intéressant, déclare l’ethnologue Anne-Christine Taylor-Descola, commissaire de l'exposition. On sait bien qu’on est une espèce sociale par excellence. Donc on a une intelligence sociale particulièrement développée. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, la nuit, dans la forêt, quand on se promène tout seul, on sent la présence partout. Ou dès qu’il y a un courant d’air, un bruit, etc. Du coup, les principales sources de connaissance, mais aussi de plaisirs pour les humains, ce sont des relations. C’est par les relations qu’on apprend à connaître les choses, par la personnification. »

Communiquer avec les esprits

Dès la première salle on est captivé par une saisissante vidéo. Une expérience à laquelle se prêtent des personnes recluses seules dans le noir et le silence pendant 48 h. Toutes les personnes finissent par parler ou s'agiter en imaginant que quelqu'un ou quelque chose leur tient compagnie. Avec l'anthropologue Emmanuel Grimaud, on s’arrête devant les plans de la machine d'Edison. L'inventeur du télégraphe et du phonographe consacra dix ans de sa vie à mettre au point un dispositif pour communiquer avec les esprits.

Des fantômes en allemand

« Au début des enregistrements, il y avait cette idée qu’on avait à faire à des voix qui venaient de nulle part. Nous avons présenté les plans de la machine d’Edison. Elle n’a jamais été faite. Après, il y avait de tas d’autres dispositifs qui ont été utilisés au sein du spiritisme. Après, vous voyez des apparitions dans des espèces d’images un peu cryptées, etc. A côté, il y a aussi des sons de morts, de fantômes, en allemand. »

Une boîte à divination baoulé

Une multitude d'humanoïdes et d’autres robots inquiétants ou drôles peuplent la dernière partie de l'exposition intitulée La Vallée de l'étrange. Dans les vitrines, vous aurez l'embarras du choix entre l'attirail d'un chasseur de fantômes belge des années 1950, une boite à divination baoulé qui permettait de lire l'avenir en y enfermant des souris ou de la magie amoureuse avec cette série de nœuds malgaches. Une exposition fascinante et poétique qui déroute, fait réfléchir et rêver.

► Persona, étrangement humain, au musée du quai Branly, jusqu’au 13 novembre.

 

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