200 000 Syriens, c'est le nom de l'installation. 200 000 Syriens, peut-être plus encore, sont morts depuis 2011 dans les combats qui opposent les rebelles au régime de Bachar el-Assad. Un conflit qui suscite très peu d'indignation et de mobilisation à l'échelle internationale. Cette indifférence est insupportable pour Laurent Van der Stockt, qui a décidé à l'occasion de cette 21e édition du Prix Bayeux, de mettre des visages et des émotions derrière un nombre devenu trop abstrait.
Et quoi de mieux qu'un lieu de compassion, de tolérance et de prière pour témoigner de l'horreur de la guerre et de la souffrance humaine ? L'intégrité de la cathédrale de Bayeux est totalement respectée, puisque les images, portraits ou scènes d'après bombardements viennent véritablement se glisser dans la pierre.
Le résultat est époustouflant. Il interpelle. En déambulant dans la cathédrale, on cherche les visages, à côté des vitraux et autres statues religieuses. On craint de passer à côté de l'un d'entre eux, sans s'en apercevoir.
Et justement, c'est de cela qu'il s'agit. Bien regarder. Ne plus passer à côté. Une question de reponsabilité aussi. Pari réussi donc pour Laurent Van der Stockt, qui surprend les Bayeusains en transformant une exposition photographique en une œuvre majestueuse, qui le lendemain encore alimente conversations et débats.