Il fallait faire preuve de patience ce vendredi 18 juillet à Jazz à Juan, le doyen des festivals de jazz en Europe crée en 1960. En effet, le concert évènement de cette 54e édition a débuté avec près de trois quarts d’heure de retard… une broutille pour la légende de la musique soul qui a signé son premier contrat avec la Motown à l’âge de 11 ans !
Clavier-guitare à la main, tresses africaines et boubou aux couleurs chatoyantes, Stevie Wonder fait son entrée sur la scène mythique de Juan-Les-Pins tel un astre qui attire naturellement la lumière sur lui. Avec sa douzaine de musiciens, le Mozart de la soul ouvre le bal avec It s so sweet to be loved by you, une reprise de Marvin Gaye. Puis il passe du synthétiseur au piano, de l’harmonica aux percussions, et déroule près d’un demi-siècle de carrière devant 4 000 personnes invitées à chanter et à taper dans les mains.
Au milieu d’un morceau, Stevie Wonder se trompe, se moque de lui-même, « Allez Stevie on la refait », s’exclame-t-il, puis il reprend tranquillement pour mieux propulser sa voix d’une pureté juvénile vers des altitudes que lui seul peut atteindre. Les tubes s’enchaînent, Overjoyed, You’ve got it bad girl… mais sans jamais donner l’impression d’un show minuté à l’américaine. Au contraire, le maître du clavier prend le temps d’étirer les morceaux grâce à de longs moments d’improvisations, certes inégaux mais offrant d’agréables respirations.
Et quand Stevie Wonder invite Gregory Porter, la plus belle voix jazz du moment, qui assurait la première partie, c’est un feu d’artifice vocal qui commence avant une fin en apothéose : un énergique Superstition qui tuera dans l’œuf un hypothétique rappel que d’ailleurs personne n’a osé réclamer.