Chute des ventes, problèmes de trésorerie, rejet de son dirigeant... Depuis sa création en 1973, Libération connait sans doute la crise ouverte la plus grave de son histoire. Subissant de plein fouet la récession économique de la presse papier, et la difficulté du virage numérique, le quotidien français avait grand espoir à l'arrivée de Nicolas Demorand, il y a 3 ans, qui semblait animé de projets ambitieux.
Hélas, dit-on aujourd'hui en interne, le journaliste de 42 ans, en dépit de son expérience acquise dans de nombreux grands médias, n'a su ni amorcer la mutation, ni fédérer ses équipes. En novembre dernier, une motion de défiance lui avait été adressée, accentuée il y a quelques jours par la censure d'un de ses articles. Une rébellion et une colère de la rédaction dues à l'annonce par l'un des actionnaires de transformer le siège de Libération en un restaurant ou un espace culturel et que le journal devienne à terme un réseau social. Depuis c'est un bras de fer entre les différentes parties, un blocage qui selon Demorand est cristallisé par sa personnalité. D'où cette décision de démission, qui pour beaucoup des salariés a été accueillie comme une libération.