« C'est la première fois au cours des 29 années de ma vie de libraire que je prends une telle décision », a déclaré le patron de Filigranes, Marc Filipson. Mais dans ce livre, Eloge littéraire d'Anders Breivik, publié aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, Richard Millet « va trop loin » et « ses propos font mal, font peur », a-t-il expliqué. Le patron de Filigranes, qui possède cinq librairies en Belgique dont la plus étendue de Bruxelles, a tenu à justifier sa décision auprès des 15 000 abonnés au site Facebook du libraire.
« Cela me fait froid dans le dos »
« Ce matin, j'ai ordonné le renvoi de toutes les copies de l'ouvrage de Richard Millet (...) Nous saluons, à l'instar de dizaines d'auteurs, l'article de l'écrivaine Annie Ernaux dans Le Monde [« Le pamphlet fasciste de Richard Millet déshonore la littérature », ndlr] qui dénonce, notamment, ‘des propos qui exsudent le mépris de l'humanité et font l'apologie de la violence au prétexte d'examiner, sous le seul angle de leur beauté littéraire, les « actes » de celui qui a tué froidement, en 2011, 77 personnes en Norvège’ », indique le message.« L'idée que Richard Millet est toujours éditeur chez Gallimard me fait froid dans le dos », y ajoute Marc Filipson. Auteur d'une cinquantaine de livres, Richard Millet, 59 ans, a été l'éditeur de Jonathan Littell, Goncourt 2006, et d'Alexis Jenni, Goncourt 2011.
Des réactions partagées
Dans son texte de 18 pages, publié dans le recueil Langue fantôme, il voit en Breivik « un enfant de la ruine familiale autant que de la fracture idéologico-raciale que l'immigration extra-européenne a introduite en Europe ». Face aux vives critiques, l'auteur a affirmé avoir « fait un travail d'écrivain » et s'est défendu d'être « raciste ».
La décision de Filigranes provoque des réactions partagées sur Facebook, certains abonnés affirmant qu'une telle interdiction va s'avérer contre-productive en faisant de la publicité à l'ouvrage.