De notre envoyé spécial à Venise,
Dans une petite station d'essence, un jeune homme attend à l'extérieur de sa voiture. Il a l'air très angoissé. Image suivante : Monica Bellucci, allongée sur un lit, entièrement nue, regardant en direction de la caméra. Une scène qui rappelle Olympia, un tableau d'Edouard Manet, ou encore Les Baigneuses de Gustave Courbet. Un silence total règne alors dans la salle de projection où l'assistance semble hypnotisée par les formes voluptueuses de la déesse italienne. Le plan qui vient après est beaucoup plus dramatique : Frédéric, le jeune homme, en larmes, seul au volant dans la nuit sur une route de campagne déserte, précipite sa voiture contre un arbre.
Quelque temps auparavant, Frédéric (Louis Garrel, fils du réalisateur), peintre, et son épouse Angèle (Monica Bellucci), actrice de films à succès, partageaient une maison à Rome avec un couple d'amis français, Paul (Jérôme Robart) et Elisabeth (Céline Sallette). Paul ne résiste pas au charme et à la beauté d'Angèle, comme d'autres hommes d'ailleurs. Frédéric est gagné par une jalousie maladive. Peu à peu, la tension monte entre les personnages. Les relations deviennent de plus en plus tumultueuses entre Angèle et son mari. Angèle s'ennuie, prend des amants et finit par quitter le domicile conjugal, brisant à jamais le cœur de celui qui l'aime passionnément.
« Je copie des films académiques »
Le dernier long métrage de Philippe Garrel, enfant de la Nouvelle Vague, n'est pas sans rappeler Le Mépris de Jean-Luc Godard. « Je copie des films académiques à l'instar des peintres qui copient leur maître », confie Philippe Garrel, qui se dit « non conformiste » et « disciple » du réalisateur franco-suisse. Un été brûlant traite de l'amitié, de l'amour et de la fidélité... sans toutefois convaincre. Pour preuve, le film a été sifflé et hué lors de la projection de presse. Les journalistes ont poussé des rires moqueurs à plusieurs reprises lors des scènes où Monica Bellucci est censée exprimer de la tristesse. Peu crédible, la comédienne s'avère comique malgré elle. Mais les journalistes se sont surtout esclaffés dans une scène où un quotidien titre en une, à propos d'Angèle, la comédienne qu'incarne Monica Bellucci, « Une grande actrice est née ». Des commentaires peu élogieux ont bien entendu fusé à l'issue de la séance, notamment de la part des Italiens eux-mêmes, du type : « Monica est une femme fatale. Elle est très belle, même après son récent accouchement, mais cela ne suffit pas...».
Philippe Garrel n'est pourtant pas habitué à un tel accueil de la part de la critique, lui qui a décroché par deux fois le Lion d'argent du meilleur réalisateur ici, à la Mostra de Venise avec Les Amants réguliers en 2005 et J'entends plus la guitare en 1992. « La critique a le droit d'admettre que je ne suis pas à la hauteur », acquiesce humblement le metteur en scène. « Mais les journalistes n'ont pas sifflé aussi fort que pour Jean-Luc Godard, qui a connu une expérience plus cruelle puisque, pour certains de ses films, la plupart des spectateurs ont quitté la salle en pleine projection », assure-t-il. Reste maintenant à savoir comment le public percevra son film. Un été brûlant doit sortir en France le 28 septembre 2011.