Officiellement, les autorités d’Athènes considèrent que la situation à Chypre n'est pas une question bilatérale entre la Grèce et la Turquie, mais un problème d'importance internationale. Le Premier ministre grec Georges Papandréou évoque notamment un règlement basé sur une fédération disposant de structures communes viables. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan considère, quant à lui, que le problème chypriote n'est pas lié aux négociations d'adhésion de son pays à l'UE.
Le lien entre une solution à Chypre et la candidature de la Turquie à l’Union européenne est pourtant évident. Pour François Dopffer, ancien Ambassadeur de France à Ankara, « la Turquie n’entrera pas dans l’Union européenne sans un règlement de la question de Chypre, mais il n’y a guère de chances de résoudre cette affaire si la Turquie reste en dehors de l’Union. »
Les Nations Unies ont confirmé la reprise, le 26 mai, des négociations sur la réunification de Chypre. Récemment élu à la tête de la RTCN (République turque du nord de Chypre) le nationaliste Dervis Eroglu a accepté le principe d'un Etat fédéral réunifié. Il est aussi d’accord pour intégrer les acquis des négociations précédentes.
Le contentieux de la Mer Egée
Plusieurs crises ont émaillé les relations entre Athènes et Ankara depuis les années ‘70. En 1987 et 1996 les Grecs et les Turcs ont été à deux doigts de l’affrontement militaire. A chaque fois, en jeu était la question de la souveraineté en mer Egée : la délimitation des eaux territoriales, des espaces aériens nationaux, des zones économiques exclusives, ainsi que l'utilisation du plateau continental.
L'afflux de migrants clandestins sur les côtes grecques fait également partie du contentieux. Athènes a accusé plus d’une fois Ankara de fermer les yeux sur ce trafic au départ de ses côtes. Georges Papandréou veut l’élaboration d’un projet commun d’action contre l’immigration clandestine. Il insiste sur la coopération, tant au niveau bilatéral qu'européen, y compris le soutien de la Turquie au dispositif de surveillance frontalière FRONTEX. La Grèce demande aussi l'application entière du protocole gréco-turc de réadmission des clandestins.
Une tentative de réduire des dépenses militaires exorbitantes
Les tensions entre la Grèce et la Turquie ont justifié, depuis de longues années, une vraie course aux armements. Une situation apparemment étrange, car les deux pays sont membres de l’OTAN et par conséquent alliés. En 2007 la Turquie a consacré à son budget de défense 2,1% de son PIB, soit 11,6 milliards de dollars. La Grèce a dépensé 3,3% du PIB, soit 9,7 milliards. Actuellement, Athènes et Ankara déclarent vouloir réduire ces budgets, mais continuent à se regarder en chiens de faïence.
Le ministre-adjoint grec de la Défense, Panos Béglitis, demande à Ankara « une pratique de respect du droit international et des traités internationaux pour créer un climat de confiance et de sincérité, pour avancer graduellement vers la diminution des armements ». Pour ce qui est des mesures concrètes, il annonce, plan de rigueur budgétaire oblige, une diminution du budget de la Défense pour cette année de 6,8 à 6 milliards d'euros, soit 2,8 % du PIB. Un des taux les plus élevés au sein de l’OTAN.