C’est encore un anniversaire que Nicolas Sarkozy ne fêtera pas. Pas de gâteau, pas de champagne cette année encore pour celui qui, il y a trois ans avait promis d'être « le président du pouvoir d'achat ». La « rupture » a depuis fait long feu et les Français ont le moral en berne face à un taux de chômage à 2 chiffres, plus de 10%, et peu d'espoir que cela ne change rapidement. La déception est à la hauteur des espoirs qu'avait suscité l'hyper-président et son volontarisme à tout crin. « C’est le prix à payer pour l'absence de résultats », tranche le député socialiste Bruno Le Roux pour qui « Nicolas Sarkozy a échoué sur toute la ligne, en matière de sécurité comme sur la question du pouvoir d’achat des Français ».
« L'heure n'est pas au bilan »
Face aux critiques de l'opposition et au désamour des Français, Nicolas Sarkozy invoque « la crise économique et financière » qui a ébranlé le monde il y a deux ans. Dans un livret publié mardi 5 mai par l'Elysée, le chef de l'Etat explique ainsi qu'il a du « bouleverser ses priorités par rapport à son programme initial », mais il maintient qu'il n'a renoncé à aucun de ses engagements. « Le cap est tenu », promet le président qui à nouveau ne souhaite être jugé qu'à la fin du quinquennat. « L'heure n'est pas au bilan », insiste l'Elysée, à l'unisson avec large partie des parlementaires de la majorité. Le député Jacques Myard reconnaît ainsi « qu’il est légitime que les Français s’inquiètent alors que le pays n’est toujours pas sorti de la crise » mais, ajoute-t-il, « ce n’est qu’au terme du quinquennat dans deux ans qu’un bilan complet pourra être tiré, au vue des résultats ».
Fronde au sein de la majorité
Pour autant, et même si les parlementaires de droite sont unanimes pour défendre que « l'heure n'est pas encore au bilan », la fronde gagne au sein même de la majorité. Contre le rythme des réformes, contre le bouclier fiscal – une mesure pourtant emblématique du quinquennat. Et cette grogne s'est amplifiée depuis la terrible défaite aux régionales. A tel point que Nicolas Sarkozy n'est plus le candidat naturel de son parti pour la prochaine élection présidentielle. Les appétits s'aiguisent. Les anciens Premiers ministres Alain Juppé et plus encore Dominique de Villepin se préparent à la bataille et à droite, certains députés comme l'ex-UMP Nicolas Dupont-Aignant ont déjà tourné la page du sarkozisme « la question n’est plus celle de Nicolas Sarkozy », martèle ainsi cet ancien candidat à la présidentielle, « la question est de savoir si à droite les gaullistes sont capables de se rassembler pour proposer une alternative ».
Action internationale
C'est dans ce climat pour le moins délétère que Nicolas Sarkozy prépare pourtant son rebond en vue de la prochaine présidentielle. Et en croisant très fort les doigts pour que l'économie redécolle. Le président mise sur la réforme des retraites pour redorer son blason réformateur mais également sur son action internationale avec la future présidence du G20 dont il espère le même succès que lors de la présidence française de l’Union européenne. « C'est assurément un atout de poids pour la France et pour Nicolas Sarkozy », fait ainsi valoir le député UMP Claude Goasgen.
La périlleuse réforme des retraites, et la réussite (ou pas) au G20. Voilà qui conditionnera en tout cas la candidature de Nicolas Sarkozy pour la prochaine présidentielle. Le chef de l’Etat, il l'a annoncé, se prononcera à la fin de l'été l'an prochain.