Législatives à Maurice : duel entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger

Les Mauriciens choisiront aux législatives de ce mercredi 5 mai entre Navin Ramgoolam, Premier ministre sortant, et Paul Bérenger leader de l’opposition. La campagne électorale n’a duré que cinq semaines.

La campagne a démarré le 31 mars dernier quand le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, prit tout le monde de court en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale et la date des élections législatives, ce 5 mai.

Ce jour-là, le leader du Parti travailliste annonce aussi une coalition avec un parti d’opposition, le MSM de Pravind Jugnauth. Il présente alors l’Alliance de l’Avenir. Ce bloc aura en face de lui l’Alliance du Cœur de Paul Bérenger.

Navin Ramgoolam espère avec un tel accord remporter facilement une majorité confortable à l’Assemblée nationale. Mais cette alliance est cependant perçue comme celle de deux partis dont le bassin électoral est la communauté hindoue, communauté majoritaire. « Cette alliance a surpris, parce qu’elle met en cause l’image de rassembleur de Navin Ramgoolam. Elle place d’un côté ce qu’on appelle la communauté majoritaire, et de l’autre ce qu’on appelle les minorités. La fracture est là », observe le sociologue Ibrahim Koodoruth.

Les 879 897 électeurs qui voteront pour élire 62 députés, vont choisir entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger avant tout. Pour sa dernière intervention publique Navin Ramgoolam a insisté sur ce duel. « Les Mauriciens auront à choisir entre moi et Paul Bérenger », a-t-il répété encore lundi 3 mai à la télévision nationale.

Ainsi, au-delà des projets de sociétés des deux alliances, ces législatives se résument en un duel entre Navin Ramgoolam, représentant de la communauté hindoue majoritaire, et Paul Bérenger issu des minorités.

Vijay Makhan, un ancien de l’UA candidat

Paul Bérenger, le blanc de descendance franco-mauricienne et le leader du MMM (Mouvement Militant Mauricien) entend changer cette fois cette règle non-écrite, et ouvrir selon ses mots « une nouvelle voie pour tous les Mauriciens qui peuvent tous aspirer au poste de Premier ministre », peu importe leur communauté ou leur caste.

En proposant sa candidature au poste de Premier ministre, Paul Bérenger abat peut-être bien la dernière carte d’une longue carrière politique. Il a participé à toutes les élections législatives, neuf en tout, mais n’a occupé le poste de Premier ministre qu’une fois grâce à un arrangement électoral et seulement pendant deux ans.

Le leader du MMM est en première ligne au sein d’une coalition baptisée l’Alliance du Cœur. Sa candidature au poste de Premier ministre est un test audacieux pour une population mauricienne à majorité hindoue qui, jusqu’à présent, a toujours choisi un Premier ministre issu de ses rangs.

« C’est cette fois ou jamais », commente Vijay Makhan, ancien secrétaire-général adjoint de l’Union africaine et candidat à la députation dans ces législatives. L’ancien diplomate mauricien a choisi de se mettre au service de l’Alliance du Cœur en espérant pouvoir servir le pays. « J’ai acquis une riche expérience dans la diplomatie et je pense que je dois pouvoir la rendre à mon pays. J`ai choisi le MMM parce que ce parti partage ma vision », ajoute Vijay Makhan.

Cassam Uteem entre en jeu

Paul Bérenger reçoit un soutient de dernière minute du président de la République, Cassam Uteem. « L’heure est très grave, a-t-il dit, samedi, lors des derniers grands rassemblements politiques. Je vous invite à voter pour le changement ». C’est la première fois depuis son départ de la présidence que Cassam Uteem monte sur une estrade politique.

L’Alliance du Cœur a aussi les faveurs du Père Jocelyn Grégoire, le président de la Fédération créoles mauriciens, très en vue durant cette campagne. Soutenu par l`Eglise, il a invité lors d’un rassemblement dimanche les Créoles à « écouter leur cœur ». Cela ressemble bien à un mot d’ordre en faveur de Paul Bérenger.
Le dépouillement des bulletins de votes doit commencer le 6 mai et les résultats seront connus dans l’après-midi.

Partager :