Les entretiens séparés entre le médiateur Joaquim Chissano et les différents chefs de mouvance malgaches ont repris ce vendredi 30 avril 2010. Le secrétaire d’Etat
français à la Coopération Alain Joyandet a décidé de rester 24 heures de plus à Pretoria. Selon des sources diplomatiques, le président sud-africain Jacob Zuma est disposé à organiser une nouvelle rencontre entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, l’entourage de Rajoelina a indiqué que les échanges lors du face à face Rajoelina-Ravalomanana, jeudi, avaient été vifs.
Jacob Zuma a donc proposé aux protagonistes de reprendre les tractations afin de surmonter les obstacles à la signature d’un accord de sortie de crise. Mais le président sud-africain Zuma et le médiateur mozambicain Joachim Chissano montrent des signes d’impatience. Dans leur communiqué conjoint publié jeudi 29 avril ils invitent les parties à placer les intérêts de leur pays avant leurs intérêts personnels.
C’est cette question de l’amnistie qui fait blocage. Elle est cruciale en soit, mais elle a de nombreuses incidences sur l’éventuel calendrier de sortie de crise. Selon la feuille de route, la première mission du futur gouvernement d’union est d’organiser des élections législatives
Toujours selon la feuille de route, la nouvelle assemblée issue de ces élections, décidera ou non de poursuivre les responsables des événements meurtriers du 7 février 2009, quand la garde de Marc Ravalomanana a réprimé dans le sang une marche des partisans d' Andry Rajoelina vers le palais abritant les bureaux présidentiels. Cette solution convient à Andry Rajoelina car il estime qu’il ne lui appartient pas de décider d’une amnistie, surtout si elle couvre des crimes de sang.
Mais le porte-parole de Marc Ravalomanana souhaite que l’amnistie soit décidée ici. Il estime d’abord qu’Andry Rajoelina a une part de responsabilité dans les événements meurtriers de février 2009, et il souhaite que cette question soit tranchée dès maintenant à Pretoria. Car Marc Ravalomanana veut que le gouvernement d’union organise dans un premier temps des élections présidentielles et non des législatives. Et dans la perspective où Marc Ravalomanana serait candidat, son retour doit être organisé, et par voie de conséquence l’amnistie, elle, couvrirait et les évènements sanglants du 7 février 2009 et la condamnation de Marc Ravalomanana à quatre ans de prison pour conflits d’intérêts.
Andry Rajoelina est actuellement au banc de la communauté internationale, il se déclare prêt à signer l’accord préparé par les médiateurs malgré ses imperfections et il espère sans doute que la communauté internationale saura tenir compte de cette bonne volonté. Rajoelina n’a de cesse de répéter que Ravalomanana est le facteur de blocage.
Pour autant un échec à Pretoria ne fait pas l’affaire de Rajoelina. Il est en quête de légitimité populaire, une légitimité qui serait assez faible si les trois autres mouvances décidaient de boycotter le scrutin. Surtout Andry Rajoelina est sous pression car à Madagascar l’armée s’agace de l’enlisement de la crise. Le 12 avril les militaires ont fermement exigé qu’une solution soit trouvée et rendue publique avant la fin du mois, et nous sommes le 30 avril.
Un ministre d’Andry Rajoelina a confié à RFI qu’il prenait cette sorte d’ultimatum très au sérieux, Rajoelina d’ailleurs devrait recevoir les responsables militaires à son retour de Pretoria. Selon sa porte-parole, une réunion est prévue lundi 3 mai.