Il est encore bien trop tôt pour dire si la reconnaissance officielle d’une mise en scène par la justice mexicaine est une bonne nouvelle. Florence Cassez elle-même reste très prudente, comme elle l’a dit hier à son avocat Me Franck Berton. « Elle sait que ce n’est pas la clé pour ouvrir la porte de sa cellule, explique celui-ci. Il faut que la justice mexicaine rende une décision conforme à son innocence ».
Son père est en revanche beaucoup plus optimiste. Bernard Cassez estime que l’aveu de la justice mexicaine va relancer la procédure : « C’est un pas énorme de la justice mexicaine de reconnaitre l’erreur, a déclaré Bernard Cassez sur France Info. Je pense qu’aujourd’hui Florence doit rentrer. »
Relancer la procédure
Pour Me Berton, le dossier « s’effondre » et il va maintenant déposer un recours devant la Cour Suprême mexicaine. Avec le même argument que le père de Florence, à savoir que le mensonge autour de l’arrestation a été caché à la défense, ce qui a empêché un procès équitable.
De plus, l’avocat va porter plainte contre deux hommes clés du dossier, deux hommes qu’il juge être à l’origine de la manipulation médiatique. L’un deux, Genaro Garcia Luna dirigeait à l’époque l’Agence Fédérale d’investigation, l’AFI. Et c’est lui qui détient la clé de la porte de la cellule de Florence Cassez, selon le journaliste Alain Devalpo, auteur d’une enquête sur cette affaire franco-mexicaine* : « Le problème est que Garcia Luna est aujourd’hui le ministre en charge de la Sécurité publique, c’est l’homme fort du gouvernement Calderon. Au-delà de l’affaire Cassez, Garcia Luna est accusé d’être impliqué dans bien d’autres violations de droits de l’homme. »
Quant à la dimension médiatique de cette affaire, elle n’étonne pas les spécialistes.Il faut savoir qu’au Mexique, les arrestations truquées pour la télévision sont une pratique courante. La jeune française est devenue une victime de plus de cette dérive.
La prudence des autorités françaises
Nicolas Sarkozy suit personnellement le dossier, mais publiquement, il reste extrêmement discret. Pas question d’endosser de façon trop voyante le costume du libertador. Le président français sait que son homologue mexicain Felipe Calderon subit une énorme pression de son opinion publique. Ainsi, il a refusé de laisser la Française purger sa peine dans son pays.
On comprend alors que la marge de manœuvre de la France n’est peut-être pas très grande. Ce que semble avouer d’ailleurs - entre les lignes - le porte parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero lorsqu’il déclare « nous voulons croire que l’affaire n’est pas close et qu’une solution à cette situation peut être trouvée ».
Mais les premières déclarations venues du Mexique ne sont pas très encourageantes. Quelques heures après la reconnaissance officielle de la mise en scène de l’arrestation de Florence Cassez, le Parquet général mexicain déclarait qu’il considérait le cas comme « jugé », façon de dire que pour lui, l'affaire est close.
Dans les archives de RFI :
Nouveau coup dur pour Florence Cassez
Florence Cassez transférée dans une nouvelle prison
Florence Cassez devra rester au Mexique
L'affaire Cassez s'invite dans la visite de Nicolas Sarkozy à Mexico
Affaire Cassez: mise en place d'un groupe de travail juridique
* « Peines Mexicaines - Florence Cassez, Jacinta, Ignacio Et Les Autres », Alain Devalpo, Editions Générales First