C'est le même rituel depuis sept ans, depuis l'arrestation de soixante-quinze dissidents. Tous les dimanches après la messe, plusieurs dizaines d’épouses et mères vêtues de blanc descendent dans la rue pour demander au gouvernement cubain la libération de leurs maris ou de leurs fils. Jusqu'à ce jour, les autorités ont plus ou moins toléré ce mouvement de protestation, d’ailleurs fortement médiatisé.
Le prix Sakharov en 2005 pour ce mouvement
Il y a une semaine, la sécurité d'Etat a empêché, pour la première fois, la marche des « Dames en blanc ». Elles n’auraient pas respecté la nouvelle directive des autorités, à savoir de demander une autorisation à la police 72 heures avant leur rassemblement. Dimanche 18 avril, neuf des « Dames en blanc » avaient voulu retenter leur chance, en vain. Les forces de sécurité les ont à nouveau empêchées de défiler. Sur fond de chansons révolutionnaires, entonnées par des partisans du régime, les femmes ont été embarquées dans un autobus et reconduites de force à leur domicile.
La résistance des « Dames en blanc » trouve un large écho dans l’opinion publique internationale. En 2005, ce mouvement s’est vu décerner par le Parlement européen le prix Sakharov « pour la liberté de pensée ». Le gouvernement voit bien évidemment d’un très mauvais œil le soutien que reçoit ce mouvement à l’étranger. Pour La Havane, ces femmes cubaines sont des fers de lance de la campagne américaine contre Cuba, on les accuse d’ailleurs de « brader la patrie ».
Un régime à bout de souffle, selon l’écrivain Zoe Valdes
L'écrivaine cubaine exilée en France, Zoe Valdes, dénonce la répression contre ces femmes qui défient le pouvoir. Selon cette opposante au régime Castro, le gouvernement tente de plus en plus de museler les voix discordantes. Il est vrai que, dans le passé, les autorités cubaines ont déjà perturbé à plusieurs reprises le défilé des « Dames en blanc ». Mais avec ces blocages successifs, le régime de Raul Castro a choisi d'accroître la pression sur l’entourage des dissidents emprisonnés. Une réaction qui révèle, selon Zoe Valdes, l'inquiétude du régime de Raul Castro.
Zoe Valdes, très proche du mouvement des « Dames en blanc », affirme que les femmes n’abandonneront pas leur lutte, malgré le harcèlement des autorités. « Ce sont les derniers moments d’un régime qui se sent de plus en plus seul. Il n’est pas interdit nulle part au monde, même pas à Cuba, de s’habiller en blanc et de marcher dans la rue », dit cette intellectuelle installée à Paris. Selon elle, dimanche prochain, les « Dames en blanc » se donneront rendez-vous dans les rues de La Havane.